Signe que les exportateurs ont bien repris leurs activités, le business de l’assurance-crédit export et de l’assurance des investissements internationaux est de retour, selon le dernier communiqué de l’Union de Berne, l’organisation internationale des assureurs-crédit publics, dont les 81 membres se sont réunis en présentiel le 12 octobre à Budapest pour leur assemblée générale annuelle. Malgré un niveau extraordinairement bas des indemnisations et une activité court terme en plein rebond, les perspectives restent incertaines pour les opérations de moyen et long terme.
Le rebond est incontestable sur le marché de l’assurance-crédit court terme (moins de 12 mois) des transactions du commerce international : au premier semestre 2021, le niveau des prises en garantie atteignait un total de 1,8 trillions de dollars, en hausse de 7 % par rapport à la même période de 2020, marquée par le déferlement de la première vague de la Covid-19, et supérieure de 3 % au niveau du premier semestre 2019.
Un niveau d’indemnisation historiquement bas
pour les opérations court terme
« Le rebond est plus prononcé dans les pays avancés et en ligne avec la tendance à la hausse du commerce de marchandises, qui a lui-même bénéficié du niveau élevé des prix du pétrole et des autres matières premières », commente l’Union de Berne dans un communiqué.
Un signe que l’appétit pour la prise de risque reste fort, stimulé par l’amélioration des perspectives économiques un peu partout dans le monde et un niveau d’indemnisation qui demeure étonamment bas malgré l’arrêt progressif des aides exceptionnelles des Etats mises en place pendant la pandémie : un peu plus d’1 milliard de dollars (Md USD) pour l’assurance-crédit court terme, soit 38 % de moins qu’au premier semestre 2020, le niveau le plus bas jamais enregistré par cette organisation !
L’Union de Berne ne donne aucune explication à cette situation inédite en matière d’indemnisation, mais tempère ces tendances positives : « l’humeur des souscripteurs est majoritairement à un optimisme prudent avec la stabilité actuelle contrebalancée par les incertitudes considérables qui demeurent à l’horizon de 12 mois ».
Déprime de l’assurance-crédit export moyen et long terme
De fait, signe qu’exportateurs et investisseurs ont du mal à se projeter dans l’avenir, le tableau est très différent pour les opérations du moyen et long terme (MLT), où le niveau des nouveaux engagements « est déprimé ».
A l’instar des assurances risque politique et des crédits transfrontières non-liés (OCB, untied cros-border credit), qui ont chuté en-dessous de leur niveau de 2020, et très en dessous de leur niveau de 2019 (-15 Md USD, selon le communiqué)
Les nouveaux engagements en assurance-crédit export moyen et long terme sont restés stables par rapport à 2020 mais leur niveau reste encore inférieur de 11 % à celui de 2019 (-6 Md USD). L’Afrique sub-saharienne, l’Europe et l’Asie du Sud contribuent à stimuler la tendance, retrouvant les niveaux pré-pandémiques, alors que l’Amérique du nord a progressé fortement.
Concernant les indemnisations, elles ont atteint 2 Md USD pour les opérations MLT, auxquels il faut ajouter 789 M USD pour les OCB et 52 M USD pour le risque politique. D’après l’Union de Bern, le secteur qui a suscité le plus de demandes d’indemnisation (50 % du montant) est celui du transport. Une tendance qui semble logique compte tenu de la crise aigue que traverse les industries du voyage depuis le début de la pandémie.
Enfin, les soutiens export domestique (garanties de prêts d’internationalisation ou de fonds de roulement) se stabilisent après avoir explosé en 2020 (+ 41 %) lorsque les entreprises de toutes taille faisaient face à des problèmes de liquidités. Les nouveaux engagements dans cette catégories ont reculé de 15 % depuis le début de l’année 2021 mais demeurent, selon le communiqué, à un niveau supérieur à 2019.
Quand aux récupérations, elles restent à des niveaux de performance élevés, selon l’Union de Berne, sur les opérations courts terme et domestiques avec 330 M USD et 553 M USD, respectivement, supérieurs aux niveaux pré-pandémiques. Le niveau est en revanche historiquement bas pour le MLT : 546 M USD, dont 205 M USD pour le risque commercial et 341 M USD pour le risque politique (très probablement amorti, pour ces dernières, par la suspension, par le FMI, du service de la dette).
C.G