Dans le cadre de sa visite en Indonésie, les 4 et 5 juin, la ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq a signé un accord de financement de 126 millions d’euros pour la modernisation du réseau ferroviaire urbain de Bandung , la deuxième ville du pays (8 millions d’habitants). Sur ce montant, 80 millions, pris sur la Réserve pays émergents (RPE), sont liés à la participation d’entreprises françaises à ce vaste chantier, dont le lancement est prévu en 2015, le reste est apporté par l’AFD (Agence française de développement).
Cette visite et ce contrat interviennent dans un pays qui a été placés parmi les 47 pays cibles du gouvernement français en matière de commerce extérieur. Avec une population de 240,5 millions d’habitants et un taux de croissance supérieur à 6 % par an (6,7 % anticipés cette année par le FMI), considéré comme la première économie d’Asie du sud-est et au cœur de l’Asean, l’Indonésie a longtemps été négligée par les autorités françaises : la première visite d’un chef de gouvernement remonte à celle de François Fillon, en juillet 2011, qui avait lancé un « partenariat stratégique ». Mais aucun chef d’Etat français ne s’y est encore rendu. David Cameron, premier ministre britannique, y était lui en avril 2012, précédant de peu Angela Merkel, la chancelière allemande, qui avait, en juillet 2012, déclaré vouloir doubler les exportations de son pays vers l’Indonésie d’ici 2015, à 9 milliards d’euros…
Résultat : la France se hisse à peine au 19ème rang des fournisseurs de l’archipel, avec 1,495 milliards d’euros d’exportations en 2012 et 1 % de part de marché, loin derrière l’Allemagne (12e avec 3,2 milliards d’euros et 2,19 % de part), selon les statistiques indonésiennes compilées par notre partenaire la base de données GTA de GTIS. Ses ventes sont en progression (+ 3,1 %) mais moins rapidement que celles de l’Allemagne (+ 33 % en 2012).
Alors que les premiers partenaires commerciaux de l’Indonésie sont d’abord, en dehors des fournisseurs d’hydrocarbures (Arabie saoudite, Russie…) des pays de la région (Australie, Inde, Singapour, Vietnam…), l’Hexagone peut se consoler en se situant comme deuxième pays exportateur de l’Union européenne, devant l’Italie et le Royaume Uni (respectivement 24e et 25e en 2012). Mais les importations indonésiennes provenant de ces deux pays enregistrent, elles, des progressions à deux chiffres (respectivement + 35 % et + 26 %).
En l’occurrence, la perspective de ce contrat ferroviaire est une bonne nouvelle, l’Indonésie ayant d’autres projets d’infrastructures ferroviaires, notamment à Subaraya, sur l’île de Java, et à Jakarta (projet japonais) mais manquant de financements. Une trentaine de chefs d’entreprises accompagnaient la ministre, dont des dirigeants de la SNCF et d’Alstom. «Ce premier projet en appelle d’autres», a déclaré Nicole Bricq, en présence du vice-ministre indonésien des Transports, Bambang Susantono. L’an dernier, L’Oréal y a inauguré sa plus grande usine mondiale, cette année, l’ouverture du premier magasin des Galeries Lafayette y est attendue à Jakarta. Gageons que ces investissements majeurs feront des petits.
Christine Gilguy