Les derniers chiffres mensuels et trimestriels* des douanes françaises, publiés le 6 août, confirment que le redressement du commerce extérieur de biens se poursuit, mais lentement, avec une progression des importations toujours plus dynamique que celle des exportations qui creuse le déficit commercial. L’export accélère toutefois au 2ème trimestre (+ 2,7 %), grâce à l’industrie notamment (+2,9 %), mais n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise.
La consommation et la production accélère. Ainsi, au 2ème trimestre 2021, les importations FAB ont progressé de 4,4 % par rapport au 1er trimestre (+ 4 %), atteignant 140,4 milliards d’euros (Md EUR) : c’est 99 % de leur niveau d’avant-crise sanitaire, presque un retour à la normal.
Hors énergie, ces achats sont tirés par la demande en produits pharmaceutiques (vaccins et autres tests, notamment), chimiques, métallurgiques et métalliques. « Ce quasi-retour à la normale doit toutefois être relativisé, plus de la moitié de l’augmentation de ces importations depuis le début de l’année étant due à celle de leur prix en raison notamment de la forte hausse du cours des matières premières » nuance toutefois les douanes.
Les exportations accélèrent mais progressent deux fois moins vite
Avec 121,7 Md EUR au 2ème trimestre, les exportations de biens progressent pour leur part presque deux fois moins vite avec + 2,7 %, même si elles accélèrent notablement par rapport au 1er trimestre (+ 1,8 %) : elles atteignent 95 % de leur niveau d’avant-crise, en retard sur les importations.
Selon les douanes, la pénurie mondiale de certains composants pèse sur cette tendance : « la forte progression des ventes aéronautiques, de produits chimiques et des produits agroalimentaires supplante la baisse des exportations de produits pharmaceutiques et automobiles, ces dernières étant vraisemblablement pénalisées par la pénurie de composants électroniques ».
Le déficit commercial dépasse de 28 % son niveau d’avant crise
Logiquement, dans ce contexte, le déficit commercial français s’aggrave, et son niveau dépasse, lui, celui d’avant crise. Le solde commercial FAB/FAB se détériore ainsi significativement par rapport au trimestre précédent : avec un total de –23,5 Md EUR, soit une 2,7 Md EUR de plus qu’au trimestre précédent, il dépasse de 28 % son niveau d’avant crise !
La hausse du déficit est tirée par les produits manufacturés et par l’énergie dont le solde CAF/FAB atteint respectivement –15,3 Md EUR (-1,4 Md EUR) et -8,5 Md EUR (-0,6 Md) sur le trimestre. Le solde agricole devient déficitaire (à – 0,3 Md EUR CAF/FAB) pour la première fois depuis 2017.
Quelques grands sous-secteurs résistent toutefois par des excédents en progression comme les produits de l’industrie agroalimentaire (+ 2,3 Md EUR, soit 0,7 Md de plus qu’au 1er trimestre) et l’aéronautique et spatial (+ 5,8 Md EUR, soit 1,5 Md de mieux qu’au trimestre précédent). Mais ces belles performances sont loin de suffire à compenser les pertes des autres secteurs.
En cumulé sur les quatre derniers trimestres, de déficit commercial atteint – 67,4 Md EUR, une tendance qui dénote une aggravation probablement forte sur l’ensemble de l’année 2021. Il avait été ramené à 58,2 Md EUR en 2019, avant de replonger à 65 Md en 2020, à la faveur de la crise sanitaire.
A l’export, belle progression de l’industrie
Au-delà des soldes, la hausse des exportations dans certains secteurs est toutefois un élément encourageant.
Dans le détail hors matériels militaires, au cours du 2ème trimestre, les produits manufacturés ont tiré la progression des ventes : avec 109,5 Md EUR au 2e trimestre, ils accélèrent et affichent une belle progression de + 2,9 % à l’export (après +0,5 % au 1er trimestre 2021). Un bon signe pour l’industrie.
Dans le détail, les « autres produits industriels » (hors automobile, aéronautique, spatial et naval dans la terminologie des douanes), progressent de 3,4 % (après +2,7 %), portés par les produits chimiques, parfums et cosmétiques (+ 8,9 %), les produits métallurgiques et métalliques (+ 6,5 %) et le textile, habillements, cuir et chaussures (+ 5,3 %). En revanche, les produits pharmaceutiques, qui tiraient les exportations depuis fin 2020, reculent de – 6,8 %, freinant la progression d’ensemble.
Autre grand secteur en forme, les « produits des industries agroalimentaires ». Tirées principalement par les exportations de boissons alcoolisées, qui connaissent une belle accélération grâce à la réouverture du marché américain, leurs exportations ont bondi +9,4 % au 2ème trimestre (après + 2,9 % au 1er). À l’inverse, les exportations de produits agricoles sont en recul au 2ème trimestre (- 2,6 % après +2,3 %) tirées par la baisse des produits de culture et d’élevage (- 4,3 %).
L’aéronautique se redresse également fortement : selon les douanes, la stabilité des exportations de « matériels de transport » (0,0 %, à 21,4 Md EUR, après – 7,6 % au 1er trimestre) « cache en réalité une forte reprise des exportations aéronautiques (+ 24,1 %), en particulier vers l’Asie ». Si ce redressement des ventes d’un secteur particulièrement sinistré lors de la crise sanitaire est de bon augure, le chemin sera long : avec 9,8 Md EUR au 2ème trimestre, leur niveau est encore 39 % en dessous de leur niveau moyen de 2019.
Reste la contre-performance du secteur automobile, dont les exportations sont, selon les douanes, pénalisées par la pénurie mondiale de puces électroniques qui freine la production : avec 10,8 Md EUR, elles sont en net recul de – 8,7 % sur ce trimestre. La baisse des ventes de navires et bateaux (- 63,7 %) s’explique, pour sa part, comme un contrecoup des ventes exceptionnelles du 1er trimestre, selon les douanes.
C.G
* La note des douanes dont s’inspire cet article est téléchargeable ci-après
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