Lors de la journée Back to Export du 29 juin, co-organisée par Stratexio, Medef International et l’OSCI, économistes et dirigeants d’entreprises ont estimé que l’Europe, l’Amérique du Nord et la Chine devraient être les moteurs des exportations françaises en 2021/2022, grâce à leur rapide et forte reprise économique. Les pays émergents ont une carte à jouer, mais la lenteur de la vaccination anti-Covid et certaines faiblesses structurelles les pénalisent dans leur relance économique et leur sortie de crise.
« En 2021, on assiste à un rattrapage du ralentissement économique en 2020 lié à la crise sanitaire. On s’attend ainsi à une croissance à 2 chiffres du commerce international en volume. Elle sera de 6% à 7% supérieure à la croissance d’avant crise. Cela se traduit en France par la vigueur des exportations des entreprises qui retrouvent le même niveau qu’en 2019 dans une grande partie des secteurs d’activités » a estimé Julien Marcilly, chef économiste de Coface, intervenant en matinée.
Des niveaux d’export d’avant crise en Europe
Pour les exportateurs tricolores l’un des relais de croissance sera sans aucun doute l’Europe. « Hormis en Allemagne, les ventes françaises au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie retrouvent les couleurs d’avant crise » selon Julien Marcilly.
« On retrouve notre chiffre d’affaires de 2019 notamment en Espagne et en Belgique grâce à la forte reprise de l’utilisation des véhicules par les automobilistes » a illustré Laurent Pommier, directeur international de Midas, la chaîne de réparation automobile. Et la perspective des projets d’infrastructures en Italie pourrait doper les exportations de nos entreprises dans le pays.
Dynamique de la consommation aux Etats-Unis
Les États-Unis et le Canada devraient également être les moteurs des exportations tricolores. « La dynamique d’export aux États-Unis au premier trimestre 2021 est liée au fort rebond de la consommation des biens des ménages. Cette vigueur de la consommation devrait perdurer au second semestre 2021, puis en 2022 » a constaté Vincent Marcilly.
« Les périodes de confinement aux États-Unis et au Canada ont généré davantage d’ordures ménagères par une hausse de la consommation à domicile. Cette frénésie de consommation qui continue nous permet de sortir de la crise sans trop de difficultés dans ces pays, notamment au Canada où on constate une forte croissance de nos activités » a confirmé Thomas Derichebourg, président de la société éponyme, spécialisée dans la collecte des ordures ménagères, implantée Outre-Atlantique.
« On continue à se développer au Canada » a ajouté Florence Arnoux, directrice grands comptes de Catering International & Services (CIS), spécialisé dans les prestations de restauration, d’hôtellerie et de logistique en milieux hostiles pour les entreprises d’hydrocarbure, des mines et de la construction.
Mais les grandes opportunités d’export se concentreront dans les grands projets américains d’infrastructures, avec un prochain plan de relance de l’administration Biden d’une ampleur exceptionnelle. « Les entreprises tricolores vont pouvoir profiter de ce plan de relance des infrastructures d’autant plus qu’il concernera de nombreux secteurs » a précisé Julien Marcilly.
Dans les pays émergents, reprise tirée par la Chine
La rapide et forte reprise économique de la Chine devrait également porter les opportunités d’export. « Cette reprise chinoise est tirée par la relance des grandes entreprises chinoises et dans une moindre mesure par la vigueur de la consommation des foyers » a-t-il souligné.
En revanche, les autres pays émergents devraient offrir moins de potentiel d’export. « Les processus de vaccination contre le coronavirus étant plus lents qu’en Europe et qu’en Amérique du nord, ces pays vont sortir de la crise sanitaire plus tardivement, d’autant qu’ils sont aussi touchés par une forte inflation comme l’Inde et l’Afrique du Sud » a avancé Julien Marcilly.
« On souffre beaucoup en Amérique latine, en Inde et en Asie du sud-est, des régions encore très affectées par la pandémie » a regretté Marc Boissonnet, Vice-president Corporate & External Affairs de Bureau Veritas, société spécialisée dans l’inspection et la certification, confirmant le diagnostic précédent.
Certains pays émergents pâtissent aussi de la dépréciation de leurs monnaies, ce qui a un impact important sur les marges des entreprises françaises qui y exportent. « Les pays émergents qui dépendent des matières premières, notamment en Afrique, devraient néanmoins bénéficier de la hausse des cours de matières premières et agricoles, pour relancer leur économie. Ils devraient également profiter de la diversification du sourcing des multinationales pour réduire la dépendance de leur chaîne d’approvisionnement avec la Chine » a conclu le chef économiste de Coface.
Bruno Mouly