L’ETI bretonne Delta Dore, leader de la maison connectée en France, a entamé en janvier dernier le projet e-Vita, lancé conjointement par le Japon et l’Union européenne (UE) dans le cadre du programme européen pour la recherche et l’innovation Horizon 2020. Delta Dore, travaillera avec 22 partenaires étrangers au développement d’un assistant virtuel facilitant le « bien vieillir à domicile ».
Doté de 8 millions d’euros sur 3 ans, ce projet de « coach virtuel » coordonné par l’université de Siegen en Allemagne et celle de Tohaku au Japon, inclut des instituts de recherche, des universités et des entreprises.
Le choix du Japon pour développer un projet sur « bien vieillir » n’est évidemment pas anodin : en 2050, les plus de 65 ans représenteront près de 40 % de la population (contre 28 % en 2018) et la question du maintien à domicile des personnes âgées (et de son poids économique) est au cœur des préoccupation des autorités nipponnes. D’où ce projet technologique reposant sur les interactions entre utilisateurs pour apporter des conseils de prévention personnalisés, détecter chutes et malaises et les accompagner au quotidien.
Cet assistant prendra-t-il la forme d’un robot ?
« Nous ne le savons pas encore, répond Benoît Leduc en charge de l’Intelligence artificielle (IA) chez Delta Dore et responsable du projet e-Vita. Nous avons débuté en janvier et l’objectif est justement de savoir quelle forme prendra ce coach. Les Japonais aiment les robots, mais d’autres pistes sont envisagées comme des objets traditionnels en porcelaine. L’aspect culturel est très important dans ce projet. »
Pour ce spécialiste de l’IA, le travail à distance imposé par la crise sanitaire n’est pas un problème en soi, mais le nombre d’interlocuteurs et leur essaimage rend l’exercice plus complexe qu’une simple série de visioconférences.
Produire en France n’est forcément plus cher
Concrètement, Delta Dore prendra en charge la gestion des capteurs, dont la conception et la fabrication constituent son cœur de métier. Spécificité de cette entreprise : elle les produit en France sur deux sites, un en Bretagne, l’autre dans les Ardennes.
« Le Made in France est réputé plus cher, estime Pascal Portelli (notre photo), président du directoire de Delta Force. Pour des productions de gros volumes comme les smartphones par exemple, l’Asie est moins chère, mais quand on produit de petites séries, l’écart se réduit : on parle de quelques points de pourcentages de différence. Et nous n’avons à subir les perturbations des chaînes d’approvisionnement ou les conséquences du récent incident dans le canal de Suez ! »
Bien implantée en Europe (avec des filiales en Allemagne, Espagne, Italie, Norvège, Pologne et Royaume-Uni), Delta Dore est également implantée en Asie : à Singapour, aux Philippines et en Chine.
Mais elle est en train de se retirer de ce dernier pays après 13 ans de présence. « Finalement la Chine s’est avérée être un marché plus compliqué que prévu et nous n’y réalisons pas un volume d’affaires suffisant », explique Pascal Portelli.
Ce projet japonais serait-il l’occasion d’explorer des marchés plus à l’Est de l’Asie ? Ce n’est pas le cas, selon le dirigeant : le Japon et la Corée du Sud disposent de normes très différentes, ce qui rend leurs marchés difficiles d’accès. Ce projet n’en reste pas moins important pour la visibilité des savoir-faire de l’entreprise à l’international.
Si l’année 2020 a marqué une pause dans la stratégie de développement à l’international de Delta Dore, à l’instar de nombre d’entreprises françaises, la société n’a pas dit son dernier mot. En attendant, elle a exporté en 2020 l’équivalent de 32 % de son chiffre d’affaires de 150 millions d’euros, soit un peu plus qu’en 2019, grâce à de bons résultats en Allemagne et aux Philippines. Et elle ambitionne d’exporter 70 % de son chiffre d’affaires d’ici 2028.
Sophie Creusillet