La mise à jour trimestrielle du scenario macroéconomique d’Euler Hermes anticipe un rebond de 5,1 % de l’économie mondiale en 2021, après une baisse de 3,6 % en 2020. Tirée par les États-Unis, la croissance du PIB mondial devra cependant surmonter sept obstacles pour renouer avec une dynamique durable, dont les perturbations du commerce international. Revue de détail.
1. La course à la vaccination
L’atteinte de l’immunité collective sera déterminante pour définir la dynamique de reprise de chaque pays. Par exemple, le rythme de vaccination est plus intense aux États-Unis qu’en Europe, ce qui devrait permettre à l’économie américaine de rebondir plus rapidement.
2. L’épargne
L’utilisation de l’épargne accumulée par les ménages pendant la crise sanitaire à des fins de consommation sera primordiale pour soutenir la reprise. Euler Hermes estime que si 30 % de cette épargne est consommée en zone euro, cela soutiendra la croissance européenne à hauteur de + 1,5 points de PIB en 2021. Si 50 % de cette épargne est consommée aux Etats-Unis cette année, l’impact positif sur la croissance américaine serait de + 3 points de PIB.
3. La sortie des mécanismes de soutien public
Depuis maintenant plus d’un an, l’économie mondiale est sous perfusion, massivement soutenue par la politique du « quoi qu’il en coûte ». L’enjeu cette année sera de sortir de cette logique progressivement, afin de permettre à l’économie mondiale de recommencer à fonctionner normalement. Mais la difficulté réside dans l’hétérogénéité des politiques économiques, et pourrait créer des décalages entre les pays.
4. La relance de l’investissement dans le secteur privé
Les États-Unis, l’Union européenne (UE) et la Chine ont adopté des plans ambitieux visant à relancer la dynamique d’investissement dans le secteur privé. Mais le succès de ces plans dépendra de la capacité des gouvernements à rediriger une partie de l’excès d’épargne des ménages vers des projets d’investissements dans les secteurs productifs.
5. Le commerce mondial
Le commerce mondial en volume devrait rebondir + 7,9 % en 2021. Mais la reprise des échanges internationaux reste toutefois soumise à d’importantes pressions. D’une part, les perturbations des chaînes logistiques internationales (tensions sur le fret maritime, pénuries de matières premières) coûteront cette année – 1,7 point de croissance au commerce mondial. De l’autre, le commerce de services reste contraint par la situation sanitaire, et ne rebondira réellement que lorsque les mesures restrictives seront assouplies et les frontières progressivement rouvertes.
6. L’inflation
Selon Euler Hermes, l’inflation devrait dépasser la cible fixée par les banques centrales aux USA (3,5 %) et en UE (2 %). Mais cette tendance ne devrait pas durer plus de quelques mois, tant le pouvoir de fixation des entreprises reste limité par trois facteurs. Premièrement, la demande des ménages n’a pas encore retrouvé un rythme dynamique. Deuxièmement, les capacités productives des entreprises ne sont pas utilisées à un taux maximal, ce qui fait peser sur elle des coûts additionnels. Enfin, la hausse du taux de chômage à l’échelle mondiale devrait contraindre la hausse des salaires
7. Le décalage entre les marchés et l’économie réelle
Il existe un décalage significatif entre les niveaux de valorisation des marchés et l’état réel des fondamentaux macroéconomiques. Ce fonctionnement anormal des marchés financiers représente une source non négligeable de vulnérabilités qui pourraient rapidement se cristalliser autour d’un scénario décrivant par exemple une détérioration sensible des relations sino-américaines, une accumulation de surprises inflationnistes, une mésentente des gouvernements européens sur la question de la dette ou un défaut de taille majeur sur le marché global de la dette privée. Dans ce contexte de haute fragilité des marchés, gouvernements et banquiers centraux devront faire preuve de vigilance afin d’éviter la propagation d’un choc d’origine financière au reste de l’économie.
En outre, il ressort des prévisions régionales de l’assureur-crédit que ce sont les États-Unis qui tireront la reprise. « Un quart de cette reprise est à attribuer aux États-Unis, qui seront cette année le principal moteur de la croissance mondiale. La contribution de la Chine sera moindre, car le pays adopte progressivement une politique économique moins accommodante. En Europe, la reprise sera plus lente, et les pertes économiques relatives à la crise Covid-19 ne seront pas compensées avant 2022 », analyse Alexis Garatti, directeur des recherches économiques d’Euler Hermes.
Voici le tableau des prévisions zone par zone