C´est le plus fort tonnage maritime jamais réalisé par Rouen, port d´estuaire, dont des terminaux se situent à 120 kilomètres de la mer : soit 26,7 millions de tonnes de trafics maritimes enregistrés sur l´année 2010. Les terminaux du port on accueilli 3400 navires, contre 3220 en 2009.
Première raison, Rouen n´a jamais manutentionné autant de céréales : 9 millions de tonnes (contre 6,9 en 2009), mieux qu´en 1993 ou 1985, lorsque de grosses cargaisons alimentaient les pays du bloc de l´Est. L’explication de ce record : l´Union européenne a pu exporter davantage de céréales, alors que la Russie, l´Ukraine et l´Australie ont vu leurs livraisons diminuer fortement (suite à des catastrophes naturelles, incendies, inondations…). Les principales destinations pour le blé ont été l´Algérie, le Maroc, l´Égypte (qui accepte à nouveau les doubles chargements), la Libye (qui n´a pas pu acheter à la Russie ou l´Ukraine), Cuba et la Tunisie (clients habituels de l´Ukraine).
Par ailleurs, les trafics de produits pétroliers raffinés et de vrac liquides se sont également bien tenus (12,5 millions de tonnes). Quant au trafic de conteneurs il reste peu développé (1,1 million de tonnes en 2010). Autre évènement important pour Rouen en 2010 : l´arrivée, minutieusement préparée par les équipes du port, de l´armement Grimaldi, dont les navires peuvent faire escale au terminal tous les 18 jours, en provenance directe d´Anvers, jusqu´à Boma (Congo) via notamment Dakar (Sénégal)et Libreville (Gabon).
Pour l´année 2011, le premier objectif, « c´est l´achèvement de la réforme portuaire,», a déclaré Philippe Deiss, directeur général du grand port maritime de Rouen, qui précise : « La grève avait essentiellement impacté les trafics de conteneurs. Pour l´instant le port fonctionne. Mais le sujet de la réforme reste difficile. Cela concerne trente personnes à Rouen, qui ont vocation à devenir salarié des entreprises de manutention ».
Le deuxième défi mentionné par ce dernier, c´est le chantier d´approfondissement du chenal portuaire : « cet approfondissement de 1 mètre doit nous permettre d´accueillir les flottes de navires vraquiers les plus modernes et donc de gagner 5 millions de tonnes trafic annuel. Les travaux doivent démarrer mi-2011 pour s´achever en 2015 ». Pour ce faire, il faudra draguer trois millions de mètres cube entre Rouen et Tancarville et 3 autres millions en aval de Tancarville (dans l´estuaire).
Alain Breau, président du port, fait observer que le coût de l´ouvrage, « 200 millions d´euros, c´est l´équivalent du budget pour faire dix kilomètres de voies TGV. Un montant somme toute modéré. Mais en France, les investissements vont plutôt aux voyageurs qu´au fret. Il faudra peut-être déplacer le curseur ! ». Une petite pierre dans le jardin du ministre des Transports !
Gilles Naudy