Les statistiques de défaillances d’entreprises dans les principaux pays de la zone euro, un indicateur clé du niveau des risques de crédit interentreprise à l’export, sont toujours au plus bas après avoir fortement diminué en 2020 grâce aux mesures exceptionnelles de soutien aux entreprises prises par les gouvernements face à la crise sanitaire. Dans une étude intitulée « Le paradoxe de l’insolvabilité des entreprises en Europe« * Coface, toutefois, si des faillites ont été évitées, elles n’ont été que reportées tant la situation financière de certaines entreprises s’est dégradée.
En France, alors que les faillites ont reculé dans toutes les filières grâce aux aides publiques, « le sort de 22 000 entreprises reste en suspens » estime l’assureur-crédit et ces défaillances « manquantes », devraient se matérialiser progressivement d’ici à 2022. Secteurs les plus concernés : la construction (8 600), le commerce (1 800), l’industrie manufacturière (1 500), les services aux entreprises (1 200), le transport (près de 800).
Cette situation anormale est similaire dans les autres pays membres de la zone euro.
Allemagne, Espagne, Italie : des milliers de défaillances manquantes
En Allemagne, Coface estime le nombre des défaillances manquantes à 21 % de leur niveau de 2019 (soit environ 3950 défaillances manquantes) grâce, notamment, à la suspension temporaire de l’obligation d’ouvrir une procédure de défaillance en cas d’insolvabilité. Résultat : une baisse de 15 % des défaillances en 2020 alors que Coface anticipait + 9 % au début de la pandémie.
En Espagne, le nombre de défaillance manquantes seraient de 1600 selon Coface. Les aides publiques, notamment le chômage partiel, n’ont toutefois pas empêché une hausse fulgurante des défaillances dans le secteur du tourisme de 90 % en glissement annuel dans le deuxième semestre de 2020.
Enfin, en Italie, Coface estime à 4100 le nombre de défaillances manquantes en 2020, alors qu’elles auraient dû bondir de 7 % en 2020.
Incertitude sur le calendrier
Quand ces défaillances vont-elles se matérialiser ? Les perspectives sont incertaines concernant le calendrier.
Coface estime que « toutes les défaillances manquantes ne devraient pas se manifester en 2021 » mais que le calendrier dépendra de plusieurs facteurs clés.
Le premier facteur est la poursuite des mesures de soutiens aux entreprises comme les moratoires sur l’insolvabilité, les aides (PGE, chômage partiel…) et le soutien des banques. Le moratoire a été prolongé en Allemagne jusqu’au 30 avril 2021 alors que les autres pays y ont mis fin l’an dernier.
« Le processus de « rattrapage » des défaillances à partir de 2021 sera directement corrélé à la rapidité avec laquelle les mesures de restrictions prendront fin, qui découle elle-même de la vitesse des vaccinations, précise Coface. Elle dépendra ensuite de la volonté de l’État de continuer à apporter son soutien, d’autant que la grande majorité des entreprises ne commencera (par exemple, en France), à rembourser les prêts garantis par l’Etat (PGE) qu’à partir de 2022 ».
A suivre
*L’intégralité de l’étude, en anglais, est en ligne : cliquez ICI