« La Mauritanie compte 120 000 km² de terres au bord du fleuve Sénégal qui ne sont pas aménagées et importe 65 % de ce qu´elle consomme. Mon pays ne possède pas non plus d´abattoirs modernes, alors qu´il pourrait approvisionner les États voisins. »
C´est ce qu´affirmait Aboubekrine Seddigh Ould Mohamed El Hacen, commissaire adjoint à la Promotion des investissements, lors d´un séminaire sur les opportunités d´investissement en Mauritanie, organisé dernièrement à Paris (voir page précédente). Et d´ajouter : « Nous importons 50 000 tonnes de lait liquide ou en poudre parce que nous manquons de laiteries pour fournir le marché domestique et régional. Enfin, nous ne produisons pas de chaussures ou de sacs, alors que les peaux sont disponibles dans tout le pays », a poursuivi ce dirigeant du Commissariat à la promotion des investissements (CPI).
Des investissements sont aussi souhaités pour valoriser la production de dattes (création d´unités de conditionnement…), de fruits et légumes (produits exotiques, jus de fruits…), développer les céréales (riz…), la fabrication d´aliments pour le bétail (besoins estimés à 70 000 tonnes par an) et exporter de la gomme arabique. Dans son portefeuille de projets, le CPI compte notamment une exploitation de 250 hectares, nécessitant un investissement de 5 millions d´euros pour produire des légumes (200 ha), des mangues (20 ha), des citrons (20 ha) et des bananes (10 ha). Destinations : Afrique, Moyen-Orient (Algérie, Maroc, Libye, Golfe) et marché local.
Pour la pêche, la Mauritanie se trouve entre le Maroc et la Guinée-Bissau, c´est-à-dire la zone la plus fréquentée attirant tous les chalutiers du monde sur une bande côtière de 2 000 kilomètres. Elle dispose déjà de 60 usines agréées pour l´export vers l´Union européenne, réparties à part égale entre Nouakchott et Nouadhibou. Quelque 70 espèces sont exportées, alors que 600 sont répertoriées lors des captures. Selon Amina Maloum, chargée du développement au CPI, un potentiel de développement existe pour toute une série de produits, des coquillages comme les praires et les huîtres, des poissons, comme les sardines et les anchois, les algues et pour tous les équipements d´entreposage ou de transformation, les chantiers navals et les ateliers de réparation et de maintenance de navires.
Parmi les projets d´investissement que le CPI met en avant, figure une conserverie à Nouadhibou pour livrer 30 000 tonnes de produits pélagiques par an (thons, maquereaux, sardines) aux marchés européen, japonais et africain. Alors que le potentiel piscicole de la Mauritanie est estimé à 1,65 million de t par an, la production est de l´ordre de 1,5 million t, dont 1,2 million de poissons pélagiques. L´investissement global serait de 10 millions d´euros et quelque 500 emplois pourraient être créés.
Seulement 10 % de la production piscicole est transformée. Le gouvernement mauritanien envisage de créer, toujours à Nouadhibou, une autre unité pour livrer 3 000 tonnes de produits en semi-conserve réfrigérés (carpaccios, médaillons…) en Europe, notamment en Espagne. L´investissement s´élèverait à 8 millions d´euros et 100 emplois seraient prévus. Enfin, Nouadhibou pourrait s´enrichir d´un atelier de réparation de bateaux de pêche et de guerre. Un projet d´un coût de 60 millions d´euros, générant 80 emplois.
François Pargny
Utiliser les ressources naturelles pour produire de l´électricité
Le taux d´électrification est faible en Mauritanie — 50 % à 80 % dans les villes, mais seulement 3 % à 40 % en zone semi-urbaine et rurale. Le gouvernement a donc décidé d´utiliser le gaz et de développer l´énergie éolienne et solaire. À l´horizon 2017, ce pays espère se doter d´une centrale à gaz de 350 MW – 700 MW à plus long terme. Des capacités devraient aussi être développées dans les énergies renouvelables.
Le Commissariat à la promotion des investissements (CPI) envisage la construction à Nouadhibou d´une usine éolienne de 7 MW avec, en option, une unité de désalinisation d´une capacité de 10 000 m3 par jour. Coût estimé : 18,2 millions de dollars. L´enjeu est de fournir l´électricité nécessaire aux industries de la région, comme les mines et le ciment.
Plusieurs entreprises, comme Ciment du Nord et la Société nationale industrielle et minière (SNIM), envisagent d´étendre leurs activités sur place. La SNIM a annoncé un programme de développement et de modernisation dans le pays d´un montant global de 1,1 milliard de dollars.
F. P.