Dans un entretien croisé exclusif accordé au Moci, Alain Bentéjac, président des CCEF, et Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, expliquent les raisons de la signature d’une nouvelle convention de partenariat, le 5 février, entre les Conseillers du commerce extérieur (CCEF) et la Team France Export (TFE) sous l’égide du ministre du Commerce extérieur Franck Riester. Dans un contexte marqué par les incertitudes sur le calendrier de sortie de la crise sanitaire, il s’agit d’assurer une mise en œuvre efficace du plan de relance expliquent.
A l’heure de la mobilisation générale pour relancer l’export français, le souhait de renforcer le lien déjà fort entre les deux réseaux et de mieux organiser leur coopération transparait dans les propos de Christophe Lecourtier, lors de cet entretien croisé, en visioconférence, organisé le 15 février.
« Il y a un an, face à la crise sanitaire et à son impact négatif, s’est constitué le groupe de réflexion Solex, sous l’autorité d’Alain Bentéjac, qui a réuni des représentants de la Team France Export, élargie aux acteurs du secteur privé, explique le directeur général de Business France. C’est ce groupe qui a inspiré les principales mesures du volet export du Plan de Relance annoncé en septembre. Il était essentiel que nous puissions continuer à travailler dans le même état d’esprit pour mettre en œuvre ce plan de relance. »
Alain Bentéjac a initié et piloté au printemps dernier, en toute discrétion, ce groupe de réflexion public/privé dont la contribution à l’élaboration rapide des mesures de soutien puis de relance en faveur des PME exportatrices est saluée unanimement.
En tant que président de ce réseau de quelque 4300 hommes et femmes d’entreprises, CCE bénévoles au service de la politique publique de soutien au commerce extérieur, il est sur la même longueur d’onde : « L’idée est de faire contribuer le mieux possible les CCE à la réalisation de ce plan de relance, en particulier par le partage d’expérience d’entrepreneur à entrepreneur qu’ils peuvent apporter aux entreprises accompagnées par la TFE, en France comme à l’étranger ».
Davantage de recours aux CCE mentors et parrains
Que prévoit la convention signée le 5 février ?
Elle formalise et systématise des actions que la TFE et les CCE mènent ensemble pour être plus efficace dans l’accompagnement proposé aux entreprises.
En France, mise en relation des PME et PMI qui le souhaitent avec un CCE mentor (secteur, géographie ou thématique), mais aussi participation d’experts croisée aux évènements et partage/élaboration de la programmation plus systématique par les partenaires. L’offre « CCE mentorat » sera aussi mieux mise en valeur sur les plateformes de solution publiques teamfrance-export.fr.
Même chose à l’étranger, où les CCE proposent des parrainages d’entreprises. La convention prévoit une meilleure coordination sur la programmation évènementielle, une implication de CCE « parrains » dans les programmes d’accélération, une participation des CCE à l’identification d’opportunités d’affaires pour alimenter les parcours d’information à destination des entreprises française.
Un apport précieux sur les pays d’accès complexe
« Concrètement, les opérationnels de la TFE vont désormais avoir la possibilité de recommander aux entreprises qu’ils accompagnent le contact d’un CCE connaissant les marchés qu’elles ciblent, précise Christophe Lecourtier. Et sur des pays d’accès complexe, comme la Russie par exemple, ce sera un apport précieux. Mais d’une manière générale, à l’étranger, nous pensons que les CCE doivent être systématiquement consultés : nous le faisons déjà dans le cadre des missions que nous organisons ou des programmes d’accélérateurs que nous mettons en œuvre avec Bpifrance ».
Alain Bentéjac complète : « Ce mentorat par des CCE existait déjà, mais il se pratiquait de façon inégale selon les régions et les pays, cela dépendait aussi des personnes. Mais dans certains pays, les CCE regrettaient de ne pas être davantage sollicités. Cette convention, que nous allons déployer au sein du réseau, va permettre à la TFE de le proposer systématiquement en option aux entreprises accompagnées ».
Petite nouveauté : la convention prévoit également d’impliquer davantage les CCE dans la promotion de la France auprès des investisseurs étrangers : « On embarque aussi les CCE dans la démarche de promotion de l’attractivité de la France, explique le directeur général de Business France. Ils auront notamment accès au kit Choose France, qui comporte toute une série d’argumentaires et d’informations mettant en avant les atouts de notre pays, et ils seront sollicités pour faciliter la mise en contact avec des investisseurs locaux ».
400 organismes privés agréés au chèque Relance export
« Avec cette crise inédite, l’export et l’attractivité sont devenues de grandes causes nationales, se réjouit Christophe Le courtier. Les querelles picrocholines du passé sont un lointain souvenir. La mobilisation est générale, nous travaillons ensemble à l’organiser efficacement ».
Preuve de cette ambiance de coopération inédite dans l’écosystème de l’accompagnement export, quelque 400 organismes privés de l’accompagnement export, sociétés, consultants, associations professionnelles ou encore chambre de commerces françaises à l’étranger, ont à ce jour été agréés par Business France pour le chèque relance export. Ce qui a contribué au déploiement rapide de ce dispositif de subvention destiné à soutenir les efforts de prospection des PME.
Avec la crise sanitaire et son lot d’incertitudes qui perdurent, ce besoin de rapprochement pourrait d’ailleurs conduire à une réactivation prochaine du groupe Solex. Les deux dirigeants ne seraient pas contre (lire l’article sur ce sujet).
Christine Gilguy