Après la chute des régimes tunisien et égyptien, c´est au tour du régime libyen de Mouammar Kadhafi de vaciller et d´inquiéter les entreprises françaises présentes sur place. L´insurrection se propage et s´intensifie au septième jour de cette révolte populaire. Le soulèvement populaire s’est étendu ce weekend à la grande partie du territoire libyen. Selon Geos, le spécialiste de la prévention et de la gestion des risques, il ne concerne plus uniquement les régions du Nord-Est (Benghazi, Al Biada et la zone de Djebek Al-Akhdar), mais s´étend également aux localités de Darna, Ijdabia, Mesratah, Tobrouk et Tripoli la capitale.
Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis quarante-deux ans, combat cette révolte populaire par une sanglante répression. Selon un bilan publié le 21 février par la Fédération internationale des droits de l´homme (FIDH), les violences auraient fait entre 300 à 400 morts. Dans ce contexte, l´Union européenne est en passe d´évacuer ses ressortissants et la France encourage ses quelques 750 citoyens y résidant à rentrer. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, a conseillé lundi aux ressortissants français résidant sur le territoire libyen de « quitter la Libye ». Ils ne sont plus actuellement que 500 à 550, selon les estimations du Quai d’Orsay.
Et les entreprises suivent le mouvement : Total rapatrie la « majeure partie » de ses employés français en Libye ainsi que leurs familles. Quelques effectifs restent sur place avec des mesures de sécurité renforcées, a déclaré hier un porte-parole du groupe. Les troubles n´affecteraient pas la production du groupe en Libye, qui s’élève à 55 000 barils par jour, soit 2,3 % de la production totale du groupe, a indiqué à Reuters le directeur de la stratégie de Total, Jean-Jacques Mosconi. La société de BTP Vinci a également annoncé le 21 février rapatrier ses expatriés travaillant sur la tour de contrôle du nouvel aéroport international de Tripoli, rapporte l´AFP. Le groupe de BTP n’a pas souhaité, « pour des raisons de sécurité », indiquer le nombre de ses expatriés travaillant sur ce chantier.
Les relations commerciales entre la France et la Libye ont connu un boom en 2010. Selon les statistiques de GTIS, les importations françaises de Libye ont augmenté de 108 % en 2010 par rapport à l´année précédente, atteignant un montant de 4,7 milliards d´euros. Cette hausse est due principalement au pétrole (huiles, et matières bitumeuses), aux combustibles minéraux, et aux produits chimiques organiques. Les exportations françaises vers la Libye se sont élevées pour leur part en 2010 à 980 millions d´euros, soit une augmentation de 32 % par rapport à 2009.
Alix Cauchoix