Compliqué le marché russe ? Si le pays n’est pas avare d’opportunités, les questions réglementaires ou de financements rebutent souvent les entreprises, en particulier les plus petites. Pour épauler les PME qui souhaitent tenter l’aventure, le lancement d’une cellule d’informations le 4 janvier prochain a été annoncé dans le cadre du CEFIC (conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe) qui s’est tenu le 15 décembre en visioconférence.
L’idée de créer une sorte de point contact centralisant les demandes et interrogations des entreprises s’intéressant au marché russe est née lors du déplacement du ministre de l’Economie Bruno Lemaire à Moscou l’an dernier, à l’occasion du précédent CEFIC. La communauté d’affaires française sur place (environ 500 filiales, la France étant le premier employeur étranger avec 160 000 salariés) et les représentants des entreprises françaises exportatrices avaient alors fait part de leur besoin d’accompagnement d’un point de vue tant réglementaire tant que financier.
Fournir des informations sur la réglementation et les financements
Réputée difficile d’accès notamment en raison de son niveau de corruption (le pays est 138e sur 180 dans le classement de Transparency International) et d’une administration tatillonne, la Russie fait également l’objet de plusieurs régimes de sanction, européens et américains, suite à l’annexion de la Crimée en 2014 et à la tentative d’assassinat de l’opposant Alexeï Navalny cette année.
Conséquences : ces sanctions obligent parfois les banques à mener des contrôles renforcés des flux monétaires et financiers. Elles sont néanmoins ciblées sur certains secteurs ou entités. Le pays n’est donc pas sous embargo et il est possible d’y faire du commerce en toute légalité mais il faut bien ajuster sa fenêtre de tir pour éviter des déconvenues.
C’est pour réponde aux interrogations des entreprises que la Cellule d’orientation financement et réglementation Russie (COFERR) sera lancé le 4 janvier 2021. Joignable par téléphone et mail (voir les coordonnées en fin d’article), elle viendra compléter le dispositif de la Team France Export en Russie, piloté par le pôle « appui aux entreprises » au sein du service économique de Moscou, en partenariat avec les trois prestataires titulaires du marché de services (Centre France Export, la CCI franco-russe et Dualest).
Des opportunités dans l’agroalimentaire, les industries du futur et la santé
Si la relation commerciale de la France avec la Russie est fondée sur des partenariats historiques dans des secteurs comme le spatial, l’énergie ou l’aéronautique, de nouveaux champs de coopération s’ouvrent depuis quelques années :
- Dans le secteur agricole et agroalimentaire :
Premier exportateur de céréales, quatrième producteur de viande (porc, volaille, bœuf) et sixième producteur laitier au monde, le secteur agricole russe cherche actuellement des solutions numériques pour améliorer la compétitivité de ses produits. 50% des machines agricoles utilisées par l’agriculture russe sont importées ce qui représente des opportunités pour les fournisseurs étrangers. Dans le cadre de sa politique de substitution aux importations, le pays cherche à développer la production de légumes et de fruits. La demande est importante pour les équipements comme les serres, les stations fruitières, les solutions de stockage…
Suite à l’introduction de l’embargo alimentaire par les autorités russes en réponse aux sanctions européennes et américaines, l’industrie de transformation agroalimentaire a connu une profonde mutation, stimulée par la volonté politique de limiter la dépendance aux importations. Aujourd’hui 95 % des produits consommés seraient produits localement et 70% des équipements sont importés. Les industriels russes sont à la recherche d’équipements pour la production, la transformation et l’emballage.
- Les industries du futur :
Le gouvernement russe met en œuvre diverses initiatives visant à accompagner la diversification de l’industrie vers des programmes civils compétitifs et une nécessaire transformation numérique et technologique de l’industrie. Objectif : diversifier les exportations russes composés à 62,1 % d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés. La transformation numérique pourrait donc s’accompagner d’une diversification de l’appareil productif russe. Le transport, les textiles techniques, les matériaux composites, les matériaux légers et matériaux de pointe sont concernés. Dans ans les secteurs traditionnels de l’industrie, les grands acteurs russes sont par ailleurs toujours à la recherche de nouvelles solutions, notamment au service de l’environnement afin de limiter leur empreinte écologique.
Dans le cadre de son appel à projets « Solutions innovantes pour la réduction et la valorisation des déchets », doté d’une enveloppe de 10 millions d’euros du Fonds d’études et d’aide au secteur privé (FASEP), la DG Trésor a d’ailleurs sélectionné deux projets portés par des entreprises françaises dans le secteur de l’environnement : un système automatisé de collectes de bouteilles et canettes (groupe Larbaletier) et un centre de test pour le tri automatisé des déchets (Pellenc).
- La santé :
Mal en point, le système de santé russe bénéficie d’une enveloppe de 23 Mds d’euros (2018-2024) qui devraient notamment servir à renouveler les dispositifs médicaux utilisés dans les hôpitaux et développer la production de médicaments. La demande est forte dans ces deux secteurs où la Russie investit beaucoup.
Malgré les sanctions le marché russe offre des opportunités aux entreprises françaises déjà présentes en nombre (la France est le troisième investisseur étranger). A condition de bien étudier le marché (la création de cette cellule devrait les y aider), d’y consacrer du temps et de trouver le bon partenaire sur place.
Sophie Creusillet
Pour en savoir plus, contacts de la Cellule d’orientation financement et réglementation Russie (COFRR), à partir du 4 janvier 2021 :
Téléphone : 01 40 73 38 00
E-mail : [email protected]