Annoncées le 22 octobre par Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, les mesures visant à stimuler les exportations agroalimentaires françaises seront en grande partie orchestrée par Business France, dans le cadre de la Team france Export, et s’appuieront sur de nouveaux outils et formats digitaux. Le Moci a sollicité Frédéric Rossi, directeur général délégué de Business France, pour en savoir plus. Voici une revue de détail de ces mesures et des modalités d’application.
Un chèque relance export agro
Mesure phare de ce plan, le chèque relance agro, un coup de pouce sectoriel qui s’ajoute au chèque relance export. Elle doit inciter les entreprises à continuer à prospecter à l’international malgré les actuelles restrictions de déplacement.
Concrètement cette subvention doit permettre aux entreprises de financer une présence sous le pavillon France dans des salons internationaux (aide plafonnée à 2 500 euros maximum) ou de mettre en place une opération de tasting (jusqu’à 1500 euros).
Bonne nouvelle : il est cumulable avec le chèque relance export (plafonné à 5 000 euros) qui concerne, lui, tous les secteurs d’activité.
Des outils digitaux pour une veille sur mesure
Alors que les grands salons internationaux sont annulés ou décalés à l’année prochaine, la Team France Export a mis en place une série d’outils digitaux qui permettent de faire de la veille gratuitement, avec le fil d’information « Info Live Marchés » et, à terme, un outil de veille sectorielle personnalisée.
Ce dernier consistera en la possibilité d’ouvrir un « compte de l’exportateur » individuel sur la plateforme teamfrance-export, paramétrable par chaque entreprise. Ce compte permettra de suivre l’actualité de tel ou tel sous-secteur, pays par pays, et d’avoir accès à trois cartes délivrant des informations en temps réel sur trois secteurs clés de l’agroalimentaire : les boissons alcoolisées, les biens d’équipement et les produits alimentaires.
Des informations qui viendront compléter celles données dans le livre blanc « Où exporter en 2021 ? », un panorama des opportunités marché par marché et secteur par secteur pour la filière agroalimentaire.
Des e-mission et une market place dédiée à l’agroalimentaire
Business France accélère également le développement d’outils et de formats de mission digitaux permettant de continuer à prospecter (rencontres acheteurs, e-missions collectives…).
« L’irruption du digital, qui était déjà en germe avant la crise sanitaire, est une bonne chose, commente Frédéric Rossi, directeur général délégué de Business France. Il faut que les entreprises s’y mettent. Il y aura toujours des salons, les gens les attendent, mais pour aborder un nouveau marché, l’époque où l’on sautait d’un avion à l’autre, ce qui est chronophage et mauvais pour l’environnement, est révolue. »
En atteste le succès des opérations de tasting organisées par Business France, très en vogue depuis le début de la crise sanitaire : les producteurs envoient des échantillons de leur produits dans les bureaux de Business France à l’étranger dont les équipes s’occupent de convier les acheteurs à une dégustation avant d’organiser des réunions virtuelles entre ces derniers et les producteurs. Plus besoin de se déplacer, ce qui permet de réaliser de précieuses économies en temps de crise.
Toujours dans l’objectif de contourner l’impossibilité de se déplacer, la plateforme Taste France for Business a par ailleurs été lancé le 22 octobre pour l’agroalimentaire. Il s’agit d’une plateforme BtoB offrant une visibilité et des opportunités de promotions virtuelles auprès d’importateurs et distributeurs étrangers que Business France réunira sur la plateforme.
Frédéric Rossi précise : « Cette market place existe déjà pour le vin et elle doit s’enrichir de nouvelles fonctionnalités comme la mise en relation directe avec des acheteurs étrangers ou un système de sonnette virtuelle d’ici janvier ». Taste France for Business est en effet dupliquée du site French W&S Business Network, qui réunit déjà plusieurs milliers d’acheteurs de vins et spiritueux dans le monde entier.
Des volontaires internationaux dédiés
Parce que le digital ne peut pas tout et que l’agroalimentaire français a toujours besoin de promotion à l’étranger, en particulier en cette période où la concurrence internationale s’aiguise, Business France prépare actuellement la mise en place d’un volontariat international dans les ambassades afin de faire la promotion et d’accompagner les différents secteurs de l’agroalimentaire à l’étranger.
« Est-ce qu’il prendra la forme d’un VIA (volontariat international dans l’administration) ou VIE (en entreprise) ? Nous sommes en train d’y réfléchir », confie Frédéric Rossi. Mais le chantier est sur les rail alors que l’autre mesure phare du plan de relance export national, le chèque VIE, sera lancé début janvier 2021.
Un accompagnement sur mesure
Riche et utile, le dispositif de soutien et d’accompagnement de la Team France Export pour l’agroalimentaire ne fait pourtant pas fi de la grande diversité de cette filière. « Nous travaillons avec la conviction qu’il faut accompagner chaque secteur différemment, encore plus dans l’agroalimentaire qui rassemble une grande diversité d’entreprises et possède un écosystème très riche comprenant des associations, des interprofessions, les Chambres d’agriculture… », estime Frédéric Rossi.
En matière de prospection et d’accompagnement, il ne serait en effet pas pertinent de proposer les mêmes actions ou opérations à un « petit » producteur de vins bio et à une multinationale de l’industrie agroalimentaire. Les conseillers de Business France s’adapteront pour permettre à cette filière d’excellence de continuer à briller à l’international malgré un contexte difficile.
Sophie Creusillet