Après Carrefour en juin 2019, c’est le tour d’Auchan : la grande distribution française jette l’éponge en Chine face à l’explosion du e-commerce dans tous les domaines, et se retire après y avoir déployé tambour battant et avec succès son modèle durant une vingtaine d’années.
Ainsi, trois ans après la signature d’une alliance pour développer le commerce alimentaire dit « phygital » – terme marketing désignant des lieux de ventes physiques auxquels on applique une approche digitale intégrée-, Auchan Retail et Alibaba « ont engagé ensemble une réflexion concernant le futur de SunArt » explique Auchan Retail dans un communiqué publié le 19 octobre.
« Ayant conjointement constaté la spécificité du marché chinois, Auchan Retail a accepté la proposition faite par Alibaba de rachat de la totalité de sa participation dans SunArt (484 hypermarchés, 150 000 collaborateurs, leader en part de marché alimentaire en Chine) », poursuit-il.
En juin 2019 déjà, Carrefour (210 hypermarchés et une vingtaine de supermarchés de proximité en Chine) avait vendu 80 % de sa participation dans Carrefour Chine à Suning.com, troisième plateforme de e-commerce BtoC chinoise et surnommée le « Darty chinois ».
Une digitalisation des pratiques de consommation forte et profonde
Tout autant qu’en France, le modèle de l’hypermarché est en crise en Chine mais la digitalisation des pratiques de consommation est encore plus forte et profonde qu’en Europe. « Comme tous les distributeurs traditionnels, Carrefour et Auchan ont été bousculés par l’émergence rapide du e-commerce en Chine » souligne notre confrère Les Echos. Une tendance de fond qu’a amplifié la pandémie de Covid-19, les consommateurs chinois ayant complètement déserté les lieux de commerce physiques.
« Marché inspirant, il n’en reste pas moins très spécifique tant dans son fonctionnement que dans ses écosystèmes digitaux » constate pour sa part Edgard Bonte, président d’Auchan Retail, dans le communiqué.
Concrètement, Alibaba, coactionnaire de SunArt avec Auchan Retail (un peu plus de 36 % chacun), va racheter la part que détient l’enseigne française pour porter son contrôle à 72 %. L’opération se fait au prix équivalent de 8,10 dollars de Hong Kong (HKD) par action (soit 0,89 euro au cours actuel) et fera l’objet d’une offre publique d’achat sur cette base, précise l’enseigne française. Montant de la transaction : environ 3 milliards d’euros.
Pour Auchan, cette transaction vient aussi à point nommé dans un contexte de crise sanitaire qui accélère les mutations du secteur et oblige à des restructurations. « Nous saisirons cette opportunité pour engager notre désendettement et poursuivre la mise en œuvre de notre projet Auchan 2022 ailleurs dans le monde » souligne encore Edgard Bonte dans le communiqué.