« Bpifrance a démontré durant cette crise la pertinence de son modèle intégré » souligne Pedro Novo, directeur exécutif Export chez Bpifrance. Ce modèle a permis de déployer avec une extrême rapidité, en quelques semaines, l’ensemble des aides destinés à soutenir les entreprises. « Le report des remboursements de crédits et la mise en place des Prêts garantis par l’état ont été notre priorité absolue au premier semestre » souligne le responsable.
Celles qui exportent ont pleinement profité de la dynamique d’ensemble
« La dynamique export s’inscrit dans la continuité des outils de mobilisation des ressources pour les entreprises estime encore Pedro Novo. Celles qui exportent ont pleinement profité de la mobilisation d’ensemble ».
Quelques 9,5 milliards de financement ont été délivrés directement par Bpifrance, et plus de 110 milliards d’euros de PGE ont été mis en place avec les banques privées sur le seul premier semestre (sur un total de 300 milliards dégagés pour cette aide), qui ont bénéficié à 615 000 entreprises. « Les entreprises qui ont bénéficié de ces aides ont pu sécuriser leurs positions, soutenir leurs filiales à l’étranger lorsque c’était nécessaire, continuer à honorer leurs commandes » insiste Pedro Novo. « On a répondu globalement aux entrepreneurs qui sont venus nous voir pour sauver leur peau ».
Elles sont donc prêtes aujourd’hui à repartir, même si les prises de commandes à l’export se sont raréfiées au cours du 1er semestre.
Dans ce contexte, il n’est ainsi pas surprenant que certaines des mesures spécifiques pour l’export du plan de soutien lancé en avril 2020 par le gouvernement ont été « assez peu utilisées », comme la hausse de la couverture des cautions à 90 %, peu sollicitée par les banques. De même le dispositif de réassurance Cap export, pour l’assurance-crédit court terme : seulement 117 millions sur une capacité de 5 milliards mis à leur disposition. « Cela signifie que les assureurs-crédits ont tenu leurs positions à l’export, analyse Pedro Novo. Ce dispositif est en place, il sera peut-être utile pour réamorcer les commandes dans la phase de relance ».
Mais la suspension du remboursement de crédits export pour soutenir certaines filières comme l’industrie navale ou aéronautique, où la faillite de grands donneurs d’ordre serait catastrophique, a sans doute permis de sauvegarder des affaires en cours.
Les e-missions de prospection ont séduit les entreprises
Autre mesure du plan de soutien qui donnera des résultats dans les mois qui viennent : la prolongation d’une année supplémentaire des contrats d’assurance prospection en cours lorsqu’est survenu le confinement, le 16 mars. « L’assurance prospection a reculé de 29 % en volume, mais de seulement 13 % pour le nombre de bénéficiaire au cours du premier semestre et la reprise était sensible dès le mois de juillet », analyse Pedro Novo. « Nous sommes en train de repartir après un creux d’activité enregistré durant l’été ».
D’autant plus que pour s’adapter au nouveau contexte de la crise sanitaire, qui a entraîné un quasi-arrêt des événements professionnels (salons, rencontres…) et des missions d’entreprise à l’étranger, les opérations de prospection digitalisée ont été intégrées dans la liste des opérations éligibles : « avec les e-missions, nous avons atteint le même nombre de missions de prospection qu’au premier semestre, soit 150 » se réjouit Pedro Novo.
Mieux, les entreprises ont profité de cette crise pour investir massivement dans leur transformation digitale : « En six mois, on a gagné 5 années de maturité digitale des PME et ETI françaises », estime Pedro Novo.
En meilleure situation que leurs concurrentes italiennes ou espagnoles
Pour lui, un signe est positif : le recul de 14 % des activités d’assurance-crédit export au premier semestre est surtout à mettre sur le compte des grandes entreprises. « La dynamique des PME et ETI s’est maintenue », assure Pedro Novo.
Le crédit export de Bpifrance lui, n’a reculé que de 13 % et il s’en est fallu de peu pour qu’il ne soit pas à la hausse au premier semestre : un contrat signé par le chantier naval breton Piriou avec le Sénégal au mois de juillet, avec le soutien d’un crédit export de 100 millions d’euros pour Bpifrance, et 9 autres dossiers conclus pour un montant équivalent, a en effet permis un bond de l’activité. « Nous avons signé 55 nouvelles lettres d’intention et nous espérons qu’entre 16 et 30 seront transformées » assure Pedro Novo.
« Des secteurs sont en grande difficulté comme l’aéronautique ou l’automobile, l’hôtellerie, mais dans certaines industries, le digital, le sanitaire, des entreprises se trouvent dans une santé incroyable, ont accès à une ressource financière abondante et bon marché, et ont même du mal à recruter. De nombreuses entreprises se trouvent aujourd’hui dans une situation meilleure que leurs concurrentes européennes, en Espagne ou en Italie » estime Pedro Novo. « Beaucoup de nos clients me disent : je suis dans une situation plus positive que mes compétiteurs. Et il y a beaucoup de possibilités de consolidations autour de moi ».
Propos recueillis par Christine Gilguy