Le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, doit dévoiler son plan d’action le 1er octobre lors de l’événement Bpi Inno Génération (BIG), basculé en 100 % digital à la dernière minute pour cause de nouvelle vague pandémique, à l’exception de 1000 personnes -dont les intervenants-, triées sur le volet (sur notre photo, l’édition 2019).
Sur le volet export, ce plan d’action va s’appuyer sur « cinq grands piliers », selon Pedro Novo, directeur exécutif export de la banque publique, qui en a livré les grandes lignes au Moci en exclusivité peu avant l’événement :
1/– le « verdissement » des financements de la banque publique,
2/– une relation avec le Trésor clarifiée avec un rôle moteur reconnu à la banque publique,
3/– un soutien aux filières en difficulté avec une priorité donnée à un déploiement des entreprises sur l’Europe et l’Afrique,
4/– le maintien d’une offre de capacité d’assurance-crédit export court terme via les dispositifs CAP Francexport et CAP relais, même s’ils ont été assez peu sollicités par les assureurs-crédits jusqu’à présent (117 millions sur une capacité de 5 milliards ).
5/– et enfin le maintien d’un fort soutien aux clients via le renforcement de certains outils alliant proximité et digitale.
10 % de l’assurance prospection à des projets « verts »
La priorité écologique se traduira notamment par une demande d’engagements accrus de la part des industriels soutenus par Bpifrance en matière de respect de l’environnement : « des efforts sont attendus de la part des industriels en échange de notre soutien en assurance- crédit par exemple : on regardera dossier par dossier » insiste Pedro Novo.
Dans l’assurance prospection, 10 % de l’enveloppe annuelle sera réservée aux entreprises opérant dans les secteurs comme les énergies renouvelable ou le traitement des déchets. La banque publique compte aussi lancer une nouvelle activité de financement de projet pour soutenir les projets des énergéticiens français de ces secteurs (éolien, solaire, méthanisation, etc.) à l’export.
Appuyer le déploiement en Europe et Afrique
En matière de priorité géographique, outre un plan de déploiement en Europe, Bpifrance compte lancer un véritable plan d’action sur l’Afrique : « l’objectif est de permettre à nos entreprises de tenir leur position et d’écrire avec elles un nouveau récit sur la relation entre la France et l’Afrique » explique le responsable.
Lors de BIG, l’un des invités d’honneur est le chef de l’Etat kényan Uhuru Kenyatta, à la tête d’une importante délégation d’entreprises de son pays : sa visite a été maintenue malgré l’aggravation des contraintes sanitaires liées au Covid-19 en France.
Concrètement, ce plan d’action reposera sur une optimisation des différents outils financiers dont dispose la France, et en particulier une nouvelle forme de coopération entre Bpifrance et l’Agence française de développement (AFD), incluant sa filiale Proparco dédiée au financement du secteur privé.
Moratoires sur les remboursements, soutien aux clients
Quant aux filières en difficulté, il s’agit de l’aéronautique, la construction navale et tous les secteurs liés à l’hôtellerie et au tourisme. « On les accompagne en leur accordant des moratoires sur leur remboursements de crédit, comme pour les compagnies aériennes et les croisiéristes, mais on les aide aussi à préparer leur rebond » insiste Pedro Novo.
Le soutien aux clients se manifestera dans plusieurs domaines. La digitalisation, en premier lieu, va être soutenue et renforcée avec un programme d’accompagnement qui sera, dans le cadre de la Team France Export, un mixe entre des opérations physiques et digitales.
Le déploiement de la nouvelle assurance prospection « accompagnement » en 2021, prévu dans le volet export du plan de relance, qui complètera le dispositif existant d’assurance prospection, devrait permettre de mieux accompagner cette mutation, notamment pour les petites entreprises.
Des pistes d’amélioration
En matière de devise, alors que Bpifrance a travaillé jusqu’à présent uniquement en euro, une réflexion est engagée sur une éventuelle diversification des financements en dollars. Les risques ne sont pas négligeables, notamment vis-à-vis des la politique de sanction américaine. Mais le besoin se fait sentir pour certaines opérations.
Autre outil qui pourrait être renforcé : la Garantie de projet international, jusqu’à présent réservée à des opérations en Europe, pourrait être élargie aux zones hors d’Europe. Enfin, la Banque publique songe également à proposer une offre de caution et de préfinancements export directe, afin de se substituer aux banques si celles-ci deviennent soudain plus frileuses.
« Bpifrance a démontré durant cette crise la pertinence de son modèle intégré » souligne encore Pedro Novo. Ce modèle a permis de déployer avec une extrême rapidité, en quelques semaines, l’ensemble des aides destinés à soutenir les entreprises. « Le report des remboursements de crédits et la mise en place des Prêts garantis par l’Etat ont été notre priorité absolue au premier semestre » souligne le responsable. « La dynamique export s’inscrit dans la continuité des outils de mobilisation des ressources pour les entreprises estime encore Pedro Novo. Celles qui exportent ont pleinement profité de la mobilisation d’ensemble ».
Il s’agit à présent de remettre le pied sur l’accélérateur.
Christine Gilguy