Le Vietnam pourrait être en cette période de Covid-19 un excellent relais en Asie pour les exportateurs français de vin assoiffés de marchés. Ce pays de plus de 95 millions d’habitants « sort la tête de l’eau », expliquait Ton Thien Thanh Oanh, chargée de Développement chez Business France Vietnam, lors d’un webinaire organisé, le 11 mai, par Vitisphère et Business France sur l’impact de la pandémie sur le marché régional des vins.
Depuis le 8 mai, aucun nouveau cas d’infection n’a été décelé (sauf quelques personnes venues de l’étranger qui ont été mises en quarantaine). Les magasins, écoles, restaurants sont rouverts et les transports fonctionnent. C’est une bonne nouvelle pour la France, leader sur le marché, avec 70 % des importations de vin nationales.
Une autre bonne nouvelle est l’accord de libre échange (ALE) avec l’Union européenne (UE) qui pourrait entrer en vigueur en 2021. Signé le 30 juin 2019 à Hanoï et ratifié par le Parlement européen le 12 février dernier, l’ALE doit encore passer entre les mains du Parlement vietnamien. L’effacement des droits de douane, à l’heure actuelle de 50 %, 45 % et 35 %, serait réalisé sur sept ans pour les vins et spiritueux et dix ans pour la bière, première boisson alcoolisée consommée au Vietnam.
Un impératif : s’adapter et innover
Aujourd’hui, les importateurs de ce pays d’Asie du sud-est sont en attente de la reprise. La fête du Nouvel An lunaire étant annoncée le 12 février prochain, ils se disent déjà intéressés par de nouveaux produits. Une bonne occasion peut-être pour les exportateurs français de proposer des dégustations virtuelles, un concept encore complètement inconnu au Vietnam.
Pour l’heure, il faut s’adapter à la demande. Chute du tourisme, de l’hôtellerie-restauration, des services, fragilisation des industries dépendant de l’importation de matières premières, le Vietnam a affiché au premier trimestre le taux de croissance économique le plus faible depuis dix ans, avec + 3,82 %. Et le chômage a augmenté de 2,2 %, un niveau assez élevé pour le pays.
La consommation de boissons alcoolisées devrait fondre d’au moins 10 % cette année. La priorité est aux produits essentiels. En outre, la population privilégie les vins d’entrée de gamme, les packagings alternatifs (canettes, petits formats) et recherchent des produits présentant un bon rapport qualité-prix, s’écartant un peu de la tendance passée favorable aux vins premium.
Au premier trimestre 2020, les exportations françaises de boissons alcoolisées ont diminué de 13,21 % par rapport à la période correspondante de 2019 et atteint ainsi 4,4 millions d’euros.
Le boom du e-commerce
Durant la période de fermeture des magasins, la vente en ligne a bondi et les campagnes de promotion sur des réseaux sociaux comme Facebook et Zalo se sont développées. Les importateurs n’hésitent pas à y déposer des propositions très alléchantes : 50 % de réduction, livraison gratuite à domicile, etc.
Pour les exportateurs français, « la relation humaine demeure essentielle, mais aussi l’utilisation du digital pour maintenir le lien », conseillait Ton Thien Thanh Oanh. Enfin, les Français doivent continuer à promouvoir « une image forte » associée à « la qualité de leurs vins ».
François Pargny