La levée des mesures de confinement, imposées depuis plusieurs semaines dans l’ensemble de l’Union européenne (UE) pour lutter contre l’expansion de la pandémie de Covid-19, devra se faire progressivement et sans précipitation, estime la Commission européenne. Pour sa Présidente, Ursula Von Der Leyen, « Il n’existe pas de solution unique, il faut du sur-mesure ».
La feuille de route* publiée la semaine passée par l’exécutif européen doit donc servir à guider et à encadrer les États membres dans leur stratégie respective de déconfinement. Objectif ? Éviter la cacophonie observée au début de la crise, quand les Vingt-sept ont imposé, en ordre dispersé et sans concertation, les premières mesures restrictives visant à limiter la propagation du nouveau coronavirus.
Des critères bien définis pour lever les mesures de confinement
Pas de relâchement de l’effort si l’État ne remplit pas plusieurs critères définis par Bruxelles dans sa «feuille de route ».
Le premier de ces critères « est d’ordre épidémiologique », souligne le communiqué de l’institution. Avant de lever les mesures, le nombre d’hospitalisations et/ou de nouveaux cas de Covid-19 doit avoir baissé de façon substantielle, « sur une période prolongée ».
Ensuite, deuxième critère, les systèmes de soins de santé doivent disposer des capacités suffisantes pour prendre en charge les malades, en tenant compte, par exemple, du taux d’occupation des unités de soins intensifs et des disponibilités en personnel soignant et en matériel médical.
Enfin, troisième critère, le pays devra disposer des capacités de surveillance appropriées, soit la capacité de tester à grande échelle la population et d’isoler les potentiels nouveaux cas.
Une approche européenne
Et si le calendrier et les modalités du déconfinement varient d’un État à l’autre, la Commission espère orchestrer la levée progressive des mesures autour de ce cadre commun qui vise avant tout à faciliter une meilleure coordination entre les Vingt-sept.
Il doit également permettre le respect d’une solidarité, souvent mise à mal au cours de ces dernières semaines. Un impératif, selon l’exécutif : « pour des raisons à la fois sanitaires et socio-économiques. Les États membres doivent au minimum s’informer les uns les autres ainsi que la Commission, et ce en temps utile avant de lever les mesures, et tenir compte de leurs avis respectifs. »
Vers une levée progressive des mesures
Lors de sa conférence de presse, Ursula Von Der Leyen a également insisté sur la nécessité de mettre en œuvre une approche graduelle. « Les autorités publiques doivent évaluer soigneusement le meilleur moment pour commencer à lever les mesures de restriction l’une après l’autre. C’est une tâche très difficile », a-t-elle reconnu, proposant par exemple de commencer par « remplacer des mesures générales par des mesures ciblées ».
Loin du chaos observé courant février, au début de la propagation du nouveau coronavirus en Europe, la présidente de l’exécutif européen espère cette fois voir les Vingt-sept se coordonner et échanger constamment les informations sur leur déconfinement.
Il s’agit d’éviter, par exemple, que des citoyens ne se précipitent vers les magasins d’un pays frontalier si ceux-ci rouvrent leurs portes plus tôt que les commerces locaux.
Recul de l’épidémie en Europe
Pour certains pays, la date du 20 avril pourrait être considéré comme un tournant dans la lutte contre le Covid-19.
En Italie, pour la première fois depuis deux mois, le nombre de cas positifs est en diminution. Même constat en Espagne, deuxième pays le plus touché par la pandémie, où le bilan quotidien est passé le 20 avril sous la barre des 400 morts pour la première fois en quatre semaines.
Au Royaume-Uni, enfin, la pandémie a fait 449 morts supplémentaires en début de semaine, soit le plus faible bilan quotidien publié depuis le 6 avril.
« Une tendance que l’on observe partout en Europe », souligne un porte-parole de la Commission. En Belgique le pic de mortalité imputée au Covid-19 semble avoir été franchi, tandis qu’en Allemagne le gouvernement a estimé que l’épidémie était désormais « sous contrôle ».
Les premières mesures de déconfinement au sein du bloc
Face au recul de l’épidémie plusieurs États membres ont déjà annoncé la réouverture graduelle de leur économie.
En Autriche, où le port du masque est devenu obligatoire, les parcs, petites boutiques et magasins de bricolage ont été autorisés à réouvrir la semaine passée. Début mai ce sera au tour des grands magasins, suivis par étapes -mi-mai- par les restaurants, bars et hôtels.
Même chose en Allemagne où de nombreux commerces de moins de 800 mètres carrés, – librairies, bibliothèques, boutiques de vêtements… – ont réouvert lundi 20 avril après quatre semaines de fermeture.
Le même jour, le Luxembourg autorisait la reprise des chantiers et la réouverture des magasins de bricolage.
En Espagne, si les magasins et restaurants restent fermés, le travail a pu reprendre dans les usines et dans la construction.
Vers un allègement des mesures ailleurs en Europe
Dans d’autres États, le retour à la ‘normale’ prendra plus de temps. Ainsi, si en Espagne certaines mesures ont été allégées, le confinement est maintenu au moins jusqu’au 9 mai prochain et la France restera confinée jusqu’au 11 mai avant de procéder à un déconfinement progressif.
En Belgique, les autorités sanitaires ont annoncé ce lundi 20 avril réfléchir à la levée progressive du confinement. La semaine passée, le gouvernement a décidé de prolonger les mesures destinées à freiner la propagation de l’épidémie jusqu’au 3 mai, après quoi un allègement est envisagé.
En Italie, le programme national de réouverture, qui qui devra tenir compte des particularités territoriales, commencera le 4 mai. Les magasins d’articles pour bébés, les librairies, les salons lavoirs et plusieurs industries ont déjà été autorisés à rouvrir leurs portes.
En Roumanie, le confinement a été prolongé d’un mois. Renault-Dacia a cependant été autorisé à reprendre sa production mardi 21 avril.
Au Royaume-Uni, enfin, le confinement instauré le 23 mars a également été prolongé d’au moins trois semaines -annonce du 17 avril-, et le gouvernement n’envisage pas encore d’en sortir à ce stade.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Le lien complet vers le document de La feuille de route du déconfinement en Europe, présenté par la Commission européenne : https://ec.europa.eu/info/files/communication-european-roadmap-lifting-coronavirus-containment-measures_en