Dans le contexte de la crise mondiale 2008-2009, la volonté de jouer plus collectif, sensible depuis les Assises de l’international de mars 2008, s’est encore renforcée. Le réseau consulaire et la puissante agence du conseil régional, Erai, coopèrent davantage.
Onze chambres de commerce et d’industrie territoriales (CCIT) réparties à travers huit départements et 80 personnes dédiées à l’international représentent la force de frappe de la Chambre régionale de commerce et d’industrie (CCIR) Rhône-Alpes. Pour ses activités à l’international, elle opère sous la bannière « CCI International », commune au réseau consulaire français. Une partie de cette force se concentre sur les nouveaux exportateurs. En 2008, une convention a été signée avec Ubifrance qui visait 1 000 nouvelles entreprises à l’export en trois ans. Objectif en bonne voie puisqu’en mars 2011, 966 entreprises ont été identifiées et 500 accompagnées.
Pour cerner la typologie de ces nouveaux exportateurs, la CCIR livrait une étude détaillant les 74 TPE-PME de Rhône-Alpes passées en 2009 par cet accompagnement via les programmes Objectif export et Valid export. La majorité emploie moins de 10 salariés et 49 % d’entre elles sont des entreprises industrielles, œuvrant en majorité dans les secteurs de l’informatique et des équipements industriels. Cet export concerne à 80 % l’Europe, essentiellement celle de proximité soit l’Allemagne, la Belgique, la Suisse.
«Nous sortons de deux ans de crise à l’export. Il faut s’y remettre prioritairement via les marchés de proximité, sans oublier pour autant la grande exportation », justifie Jean-Paul Mauduy, président de la CCIR, qui définit ainsi le rôle des CCIT auprès des entreprises en quête d’export : « Détecter, accompagner, former, orienter. » Avec cette volonté de ne pas se limiter aux nouveaux exportateurs, même s’ils sont une cible essentielle, mais être à l’écoute des 250 000 entreprises concernées par les circuits consulaires. En fait, la CCIR s’appuie sur tous les acteurs de l’équipe de France de l’export et, au-delà, « de plus en plus sur Erai ». « À l’export, nous chassons en meute », affirme Jean-Paul Mauduy. Ainsi de nombreuses missions collectives (plus de 50 prévues en 2011) complètent les accompagnements individuels et la CCIR joue aussi sa partition dans l’internationalisation des pôles et clusters, même si ce n’est pas une de ses missions premières. Par exemple, pour octobre 2011, la CCIT de St-Etienne et le pôle Viameca proposent une visite du salon de la mécanique MSV Brno en République tchèque. Pour une analyse plus fine de sa stratégie internationale il faudra attendre juin puisque les réseaux consulaires sont en pleine mutation. « Constante adaptation de notre réseau aux attentes des entreprises :
chaque année, plus de 5 000 entreprises bénéficient de nos services à l’export et cela va s’intensifier. Plus encore qu’hier, la CCIR et les CCIT joueront collectif, indique Jean-Paul Mauduy. Nous n’avons de cesse de fédérer les acteurs régionaux de l’international. Cela se traduit d’ailleurs par la composition de notre conseil d’administration où l’on trouve les CCEF [conseillers du commerce extérieur de la France], l’OSCI [opérateurs spécialisés du commerce extérieur], le Medef, la CGPME… ».
Laurent Van Soen, directeur général d’Erai, exprime lui aussi sa volonté de « chasser en meute ». Erai est, depuis 1987, le bras armé de la Région Rhône-Alpes pour appuyer le développement international de son tissu économique. Elle conduit les entreprises sur ce chemin via trois « métiers ». Le premier est mis en œuvre par Erai financements internationaux. Cet organisme permet aux entreprises de trouver des fonds en les aidant à répondre à des appels à projets issus des programmes européens ou de marchés publics internationaux. Pour cela, Erai dispose d’une collaboratrice à plein temps à Bruxelles et annonce 320 entreprises par an accompagnées en matière de financement internationaux. « Après l’Europe ils peuvent pousser plus loin, l’idée est de trouver des effets levier » explique Laurent Van Soen.
Le deuxième, orienté sur des prestations individuelles à l’export (650 chaque année), est développé par Erai export. Ce métier s’appuie sur ses 29 implantations dans 24 pays, qui reflètent peu ou prou les accords de coopération engagés par la Région à l’étranger (26 à ce jour). La dernière, ouverte en 2010, est à Ho Chi Minh Ville, ville avec laquelle la Région a précisément une coopération. « Nous nous nourrissons de l’institutionnel pour l’économique. »
Enfin, troisième métier d’Erai : internationaliser les pôles et clusters de la région. Cela passe par des missions collectives, des participations à des salons, etc. Par exemple, le secteur de la santé en Chine s’avérant prometteur pour Rhône-Alpes, le pôle mondial Lyonbiopole a recruté un V.I.E (volontaire international en entreprise) hébergé et encadré par Erai Shanghai. Il doit étudier le secteur de la santé chinois, identifier les partenaires potentiels, les centres de recherche et ouvrir la voie aux entreprises rhônalpines.
Erai s’est donné trois cibles géographiques : l’Europe, les États-Unis et les Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine). Un vaste monde. Laurent Van Soen insiste sur cette indispensable action collective : « Que peut-on faire, qu’a-t-on envie de faire ensemble ? À l’heure de la mondialisation, il n’est plus possible que chacun agisse sur son seul pré-carré. Je constate que cette vision est partagée par tous », se réjouit-il.
Laurence Jaillard