Le 21 février 2011, à Alger, Bretagne International, bras armé du Conseil régional sur les marchés extérieurs, et l’Institut technique d’élevage (ITE) en Algérie ont conclu un accord de coopération visant à développer la filière laitière dans ce pays. Une centaine d’entreprises et d’instituts bretons sont concernés.
En apportant son expertise dans le « pétrole blanc », la Bretagne espère en contrepartie exporter son savoir-faire, ses produits et ses équipements dans la génétique, la nutrition animale, les salles de traite, et, de façon générale, le machinisme agricole. Au demeurant, l’Algérie ne collecte que 200 millions de litres par an pour une consommation globale de 3 milliards de litres, et le partenariat signé avec l’ITE prévoit de doubler la production.
Les Bretons pourraient en profiter pour reprendre pied sur un marché du lait où la France a été supplantée au fil des ans par la Nouvelle-Zélande, l’Argentine, le Canada ou la Pologne. Pour l’Algérie, il s’agit de réduire aussi la facture des importations de poudre en lait, qui s’élève chaque année à 1 milliard d’euros.
Il aura fallu six ans à Bretagne International pour aboutir à ce partenariat. C’est, en 2005 que les premiers contacts ont été établis par le président de la chambre régionale d’agriculture, Jean Salmon, et l’ancien patron de Bridel, Henri Malard. « J’ai suivi de bout en bout ce dossier », confie au Moci Marc Gillaux, directeur général de Bretagne International. « Une volonté personnelle », ajoute-t-il aussitôt.
À l’époque, Bretagne International était concentré sur l’accompagnement individuel des entreprises à l’étranger. « C’était la première fois que nous engagions une démarche collective, au moment où d’autres pays émergents commençaient également à effectuer des demandes de soutien technique, de méthode d’intégration pour la création, la mise en œuvre et le développement de filières, notamment dans l’agroalimentaire », explique Marc Gillaux. D’un montant de 2,3 millions d’euros sur trois ans, le programme algérien sera financé pour deux tiers par l’Algérie et un tiers par la France (la moitié par la Région Bretagne, 30 % par le ministère des Affaires étrangères au titre de la coopération et 20 % par le ministère de l’Agriculture via FranceAgrimer). Il touche 1 000 éleveurs de trois départements (wilayas de Relizzane, de Blida et de Souk Arhas).
L’expertise bretonne va être transmise par des ingénieurs et des techniciens opérant au sein de groupements d’appui aux éleveurs laitiers (Gepal). Le but étant aussi de former rapidement des formateurs et des animateurs algériens. Au bout des trois ans, l’ambition est de passer de 10 à 50 vaches en moyenne par exploitation et d’une production annuelle de lait de 2 500 kg à 5 000 kg par vache.
« L’Algérie compte 48 wilayas et le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, souhaiterait que l’on réfléchisse à une extension du programme aux 22 wilayas laitières du pays », révèle Marc Gillaux. Plus encore, confie le directeur général de Bretagne International, « le ministère nous interroge déjà pour développer notre nouvelle expérience dans les légumes industriels et frais ».
L’accord pourrait être poursuivi dans d’autres pays, comme l’Ukraine et le Kazakhstan. Les secteurs concernés pourraient être les légumes industriels et frais, l’aviculture ou la production de porc. Le Vietnam, par exemple, serait intéressé par le développement des filières porcine et laitière.
François Pargny
80 relais dans 65 pays
Bretagne International est une association employant 25 personnes, basée à Rennes. Elle opère aussi avec 80 relais, « qui sont des prestataires de services dans 65 pays », précise son directeur général, Marc Gillaux. Son budget, de l’ordre de 5,4 millions d’euros en 2010, a été alimenté par la Région à hauteur de 3,4 millions d’euros, les 2 millions restants provenant des contributions des entreprises qui achètent ses services. Elle est passée de 60 adhérents en 2003 à 310 aujourd’hui.
Spécialiste au départ de l’accompagnement individuel, Bretagne International a par la suite développé des actions collectives (participations à des salons…).
En cinq ans, l’association a multiplié par trois le nombre de sociétés accompagnées. Ce chiffre est passé à 717 en 2010, dont 310 ont bénéficié d’une aide individuelle.
François Pargny