L’Inde est l’un des cinq BRICS avec lequel la France a le plus renforcé son partenariat stratégique ces dernières années, matérialisé par le méga contrat des 36 Rafale conclu en septembre 2016, dont le premier doit être livré en septembre prochain, selon des sources officielles indiennes et françaises.
Pas étonnant que Narendra Modi, fraîchement réélu à la tête du gouvernement de la fédération indienne à la suite d’élections générales tenues en avril et mai, figure dans la liste restreinte des huit dirigeants de pays non membres du G7 à assister au prochain Sommet de Biarritz du 24 au 26 août.
Il était reçu aujourd’hui par le président Emmanuel Macron au Château de Chantilly pour une rencontre bilatérale au sommet. Le président français s’était déjà rendu en Inde en mars 2018 pour relancer le partenariat stratégique entre les deux pays et la visite du Premier ministre indien en France, qui aurait du avoir lieu plus tôt, n’avait été repoussée qu’en raison des élections générales indiennes.
Certes il sera question du Cachemire, alors que l’Inde a décidé de mettre fin au statut d’autonomie de la partie indienne de cette province disputée avec le Pakistan. D’autres sujets de préoccupation communs sur le plan international seront certainement évoqués, dont les tensions commerciales générées par la politique commerciale agressive de Washington. L’Inde elle-même a maille à partir avec les Etats-Unis de Donald Trump : en mars dernier, à l’instar de la Turquie, elle a été exclue du programme SPG américain, qui accorde des préférences commerciales aux pays émergents, pour cause d’excédent commercial jugé trop important.
Des projets multiples
Mais les projets de coopération et commerciaux en cours entre les deux pays seront en bonne place au menu des discussions. Ils sont multiples alors que l’Inde est au quinzième rang des clients de la France.
L’énorme contrat Rafale, qui comporte un important volet d’offset (50 %) avec transfert de savoir-faire et investissements industriels de la part de Dassault Aviation, est le plus emblématique. Une rumeur venue de la presse indienne peu avant la rencontre Macron-Modi faisait état d’une offre française pour 36 avions supplémentaires.
Parmi les autres projets emblématiques de ce partenariat stratégique, on peut citer également le contrat toujours en négociation depuis 10 ans pour une centrale nucléaire. Toujours dans l’énergie, la France est l’Inde coopère également étroitement depuis la Cop 21 pour promouvoir des solutions dans la lutte contre le changement climatique, via l’Alliance solaire international (ASI).
Progression des exportations françaises
Ce renforcement des relations entre les deux pays commence à avoir des répercussions très positives sur les échanges commerciaux bilatéraux. Au premier semestre 2019, les exportations françaises vers l’Inde étaient en progression de 16,9 % par rapport à la même période de l’année dernière, atteignant 2,559 milliards d’euros (Md EUR), selon la base de données IHS Markit Global Trade Atlas. La part de l’aéronautique, dont les exportations explosent, a grimpé à 41,9 %, mais d’autres secteurs sont en progression comme l’électronique, l’optique ou encore la chimie.
Selon les estimations d’Euler Hermes, les exportations de la France vers l’Inde devraient augmenter au total de 600 millions d’euros en 2019, après une année 2018 moins dynamique. L’an dernier, la France avait exporté un total de 5,52 Md EUR, soit une modeste croissance de 3,4 % sur 2017. Malgré un ralentissement, la croissance du pays reste très élevée : en 2019, elle atteindrait +7,1%, contre +8,1% encore en 2016, selon Euler Hermes.
« La France apparait relativement bien positionnée pour capter la demande de l’Inde, analyse Stéphane Colliac, économiste en charge de la France chez Euler Hermes. Les deux tiers de la croissance des exportations françaises vers l’Inde proviendra en 2019 de l’aéronautique, soit +400 M EUR (la chimie générera +100 M EUR). Avec ce secteur fort, la France capte et captera la demande croissante des grands pays émergents, dont le transport aérien va se développer ».
Selon lui, la France est également bien positionnée sur d’autres secteurs sur lesquels la demande indienne est d’autant plus dynamique que l’Inde a entrepris une réduction des barrières qui pèsent sur ses importations. La pharmacie est, pour lui, un exemple de secteur qui pourrait en bénéficier, elle qui n’a exporté que 160 M EUR vers l’Inde en 2018 et dont les exportations devraient croitre de +20 M EUR en 2019.
Desk Moci