La visite d’État de François
Hollande en Tunisie, la première du président au pays du jasmin, les 4 et 5
juillet, ne pouvait pas tomber à un meilleur moment. En effet, alors que depuis
des années, il est question de l’érosion dans cette nation de la part de marché
de la France, face à l’Italie, à l’Allemagne ou la Chine, les exportations
françaises ont gagné 18,2 % pendant les quatre premiers mois de l’année, grâce
aux produits agricoles et matériels de transport.
Cette performance pourrait
laisser penser que la France a renforcé ses positions, indiquent les Services
économiques de l’ambassade de France à Tunis, dans une note de juin (voir
fichier joint), rappelant aussi son rôle majeur en matière d’investissements
(1,5 milliard d’euros de flux en 2012) et de coopération bilatérale.
Or, en 2012, avec des
exportations stagnant aux alentours de 3,6 milliards d’euros, d’après le
Douanes françaises, la France n’avait pas réussi à faire mieux que l’année précédente.
De son côté, l’Institut national tunisien de la statistique (INTS) estimait que
la France perdait deux points de marché à 16,5 %. Le bon score de la
France en ce début d’année est d’autant plus encourageant que la consommation
interne l’an dernier avait porté les importations tunisiennes, qui avaient
connu une hausse de 13,3 %, en dépit des difficultés de la transition
démocratique.
500 millions d’aide via l’AFD et le Trésor
Si le président Hollande n’a pas
manqué à Tunis d’affirmer son soutien au processus politique en cours, les
objectifs économiques n’étaient pas, pour autant, oubliés. Le chef de l’État
français a ainsi annoncé l’octroi de prêts et dons pour un montant global de
500 millions d’euros, dont 150 millions apportés par l’Agence française de
développement (AFD) et 350 millions par le Trésor français à travers ses
instruments d’aide-projet, Réserve pays émergents (RPE) et Fonds d’aide au
secteur privé (Fasep). Pour les uns, il s’agit de prêts, pour les autres de
dons qui seront concentrés dans trois secteurs : matériel roulant du
Réseau ferroviaire roulant de Tunis, rénovation de la voie ferroviaire reliant
le port de Sfax, via Gabès, au bassin minier de Gafsa – région de l’intérieur
tenue à l’écart du développement par l’ancien régime – et modernisation et
sécurisation des ports tunisiens.
François Hollande a aussi indiqué
que la France serait prête à convertir 60 millions d’euros de sa créance à la
Tunisie en projets de développement sur le terrain et à apporter son aide pour
identifier les projets de développement qui correspondent aux priorités du
gouvernement tunisien (lutte contre le chômage…) ou s’inscrivent dans une
logique de co-localisation.
Co-localisation dans le numérique
A cet égard, Nicole Bricq,
ministre du Commerce extérieur, et Mongi Marzouki, son homologue tunisien pour
les technologies de l’information et de la communication, ont choisi de
renforcer la coopération bilatérale, en lançant l’Alliance franco-tunisienne
pour le numérique », une initiative qui doit aussi faciliter le travail en
binômes des entreprises spécialistes des deux pays soucieuses de s’étendre en
Afrique.
La Tunisie veut, en particulier,
devenir une plateforme technologique dans la zone méditerranéenne. Dans
plusieurs domaines de l’économie numérique – e-gouvernement, télémédecine,
e-éducation, tec. – 13 partenariats inter-entreprises ont déjà été officialisés.
Les deux pays alliés seraient complémentaires : la France, manquant
d’ingénieurs et de techniciens dans les technologies, détient, en revanche, un
savoir-faire reconnu, notamment dans l’e-gouvernement. Il faut maintenant agir.
François Pargny