Dans le cadre de ses travaux sur
« le couple franco-allemand », la délégation du Sénat à la
prospective a organisé une séance ouverte au public, le 1er juin. Au
cœur des débats, auxquels assistaient quelques sénateurs, comme l’ancien
ministre Jean-Pierre Chevènement, le modèle économique allemand, reposant sur
l’exportation, et qui a ses fervents défenseurs comme ses opposants acharnés, a pu
constater www.lemoci.com.
Ainsi, Gilbert Cette, professeur
à l’université de la Méditerranée, a dénoncé « le décrochage des coûts
unitaires du travail » pratiqué par l’Allemagne. « Ce n’est pas un
exemple, parce que ce n’est pas le résultat de gains de productivité qui
favorisent la consommation, mais le résultat d’une modération salariale »,
a-t-il souligné. « Il n’y a pas de productivité. Il n’y a donc pas de gain
de bien-être », a renchéri Xavier Timbeau, directeur du département Analyse et
prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Selon l’expert de l’OFCE,
« l’Allemagne ne réalise pas une performance économique si grande et si
supérieure à celle de la France ». Certes, reconnaît-il, elle affiche une
évolution supérieure de son produit intérieur brut (PIB). En revanche,
s’agissant de la consommation, « c’est mieux en France », affirme
Xavier Timbeau, qui se déclare aussi « troublé » par le fait que « le
modèle social de l’Allemagne génère autant d’inégalités ».
« Certes, il y a eu peu de
gains de productivité jusqu’à présent en Allemagne, concède Denis Ferrand, le
directeur général du cabinet COE Rexecode, auteur d’une étude pour le ministre
français de l’Industrie, intitulée « enrayer la divergence de
compétitivité entre la France et l’Allemagne ».
Mais, insiste-t-il, « la politique allemande de désendettement et de
restauration des profits des entreprises, menée depuis 2000, a permis déjà, dans
une première étape, de mobiliser tout l’emploi disponible dans le pays et
de relancer l’investissement ». Selon lui, « la deuxième étape sera de
mobiliser le capital, ce qui permettra alors des gains de productivité ».
François Pargny