Une sortie de
crise « en ordre dispersé ». C’est ainsi qu’une étude de
l’assureur-crédit Euler Hermes, présentée
lors d’un point presse le 7 juin à Paris, qualifie l’état du secteur de la
construction en Europe et aux Etats-Unis. Deux blocs de pays se
distinguent selon cette analyse : si en France, en Allemagne et au
Royaume-Uni, un redressement modéré est engagé, pas de signe d’amélioration, en
revanche, pour l’Italie, les Etats-Unis ou encore l’Espagne qui, elle,
s’enfonce dans une « crise durable ».
Plus en détail, dans
l’Hexagone, la hausse des prix (134 % au cours de la dernière décennie) a été
partiellement absorbée par la baisse des taux. Après les reculs de 2008 et
2009, la reprise des mises en chantier en France se confirme en 2011. Redémarrage
également, quoique lent, outre-Rhin. Les prix des logements y sont stables et faibles,
mais l’endettement des ménages reste élevé. Les mises en chantier progressent
peu, du fait de la baisse de la population, mais aussi du peu d’attrait des ménages
allemands pour la propriété, comme expliqué par Didier Moizo, conseiller
sectoriel d’Euler Hermes. En Grande Bretagne, l’activité de la construction et les
prix sont repartis à la hausse l’an dernier. Les taux d’intérêt y sont attractifs et globalement
stables, mais l’endettement peine à se réduire.
Peu d’espoir, en
revanche, pour une reprise à court terme en Italie. Les prix y ont progressé
plus vite que les revenus, l’endettement est resté modérée mais a doublé en
dix ans, et les taux d’intérêt y sont légèrement plus élevés que dans les autres
pays européens. Et les mises en chantier stagnent. Autre pays où les difficultés
persistent : les Etats-Unis. Les prix de l’immobilier y ont diminué de 10 % au
cours des trois dernières années, les ménages sont toujours fortement endettés,
ne profitant plus des taux d’intérêt encore faibles et les mises en chantier ne
repartent pas, pénalisées par le stock de trois millions de maisons invendues.
Pis, en Espagne,
la construction continue de se dégrader. Les prix ont baissé de 13 % ces trois
dernières années, l’endettement reste important et les taux élevés, tandis que
les mises en chantier ont été divisées par sept depuis le pic de 2006. Le marché
compte par ailleurs 650 000 logements invendus, alors que le taux de propriété
est parmi les plus forts. Dans ce pays, aucun indicateur ne permet d’espérer
une amélioration de la situation, note la filiale d’Allianz.
Natasa Laporte