A la fin de la semaine
prochaine, les négociations salariales avec l’UGTT [ndlr, Union générale
tunisienne du travail] auront abouti, a assuré, le 15 juin à Paris, la
présidente de la centrale patronale Utica (Union tunisienne de l’industrie, du commerce, de l’artisanat), Widad
Bouchamaoui.
S’exprimant à l’occasion d’un
atelier de travail sur les relations France-Tunisie, organisé par la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA), la présidente du patronat tunisien a promis qu’une
hausse moyenne des salaires « raisonnable » allait être retenue. Cela devrait être « de l’ordre de 4,7 % », un taux « en tout cas qui n’a
rien à voir avec ce qu’on a pu entendre dans le passé », a-t-elle précisé
lors de cette manifestation à laquelle moci.com était le seul média français
représenté.
De fait, on est loin des 10 à 15
% d’augmentations salariales évoquées aux lendemains de « la révolution du
jasmin », fin janvier, ce qui devrait rassurer sur le maintien de la
compétitivité de la Tunisie. « Plus de 3 000 entreprises étrangères
sont installées en Tunisie et nous voulons maintenant les faire amplement participer
au sein de l’Utica », a aussi révélé Widad Bouchamaoui.
« La révolution du jasmin »
étant avant tout une révolte de la société tunisienne, dénonçant la pauvreté à
l’intérieur du pays et le chômage (20 %), la Tunisie se doit de rassurer les
investisseurs internationaux qui transfèrent des technologies, forment de la
main d’œuvre et créent des emplois.
Selon Foued Lakhoua, qui préside
la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI), le pays du
jasmin compte 700 000 chômeurs, dont 170 000 diplômés de
l’enseignement supérieur et 37 % d’hommes et de femmes de moins de 30 ans.
« Comme la croissance économique ne devrait pas dépasser 1 % cette année,
80 000 personnes ne trouvant pas d’emploi vont s’ajouter », a précisé
le président de la CTFCI.
Certains secteurs sont sinistrés,
comme le tourisme, la chimie, les matériaux de construction. D’autres se
portent bien, comme l’agriculture, grâce à de bonnes conditions climatiques.
Les industries offshore, comme le textile et la mécanique, ont retrouvé
rapidement des rythmes d’exportation très appréciables, comme a pu le constater
Le Moci lors d’un reportage en Tunisie sur « les promesses de
l’après-jasmin »,
paru le 22 juin.
Lors du Sommet des huit premières
puissances économiques (G8) à Deauville, les 26 et 27 mai, une aide
substantielle a été promise à l’Égypte et la Tunisie. Tunis
demande, toutefois, un appui financier supérieur : 25 milliards de dollars
sur cinq ans.
A Deauville, le débat a aussi porté avec l’Union européenne sur les moyens
d’accélérer l’accès de la Tunisie au statut avancé et avec la communauté
internationale sur la gestion de la situation sur les frontières avec la Libye.
A cet égard, alors
que le prochain G8 doit se tenir à Bruxelles, le 12 juillet, Ali Slama, P-dg du
groupe agroalimentaire éponyme,
demande que « les fonds gelés du pouvoir à Tripoli » puissent être
utilisés pour l’achat de marchandises tunisiennes. « La Libye est
traditionnellement un grand acheteur de produits tunisiens, notamment
agroalimentaires. Et le déblocage de ces fonds gelés permettrait de régler les
exportateurs de mon pays qui souffrent en ce moment énormément de la guerre
civile en Libye ». Selon lui, à juin 2011, les livraisons tunisiennes vers
la Libye n’auraient représenté que 20 % du total des exportations réalisées
avec ce pays en année normale.
François Pargny