Du 20 octobre 2020 au 10 avril 2021, se tiendra à Dubaï la première exposition universelle du Moyen-Orient sur le thème « Connecter les esprits, construire le futur »*. Expo 2020, chargé de l’organiser, y prévoit 25 millions de visites pendant les six mois, dont 70 % d’étrangers.
Carrefour régional et hub pour l’Afrique, le petit émirat situé au nord d’Abu Dhabi a, certes, les capacités hôtelières suffisantes pour répondre à la demande. Mais son parc est surtout constitué d’établissements haut de gamme : 4, 5 étoiles, palaces. L’offre 3 étoiles, abordable, manque, et quand elle existe, ce sont des établissements locaux, qui ne sont pas aux normes internationales.
Hôtellerie : une offre abordable insuffisante
Certes, Dubaï a prévu de construire 40 000 chambres supplémentaires et les professionnels s’orientent vers une hôtellerie économique et milieu de gamme. Mais on peut raisonnablement se demander si l’effort suffira.
Chez Expo 2020, le doute n’est pas permis : l’offre sera adaptée. « Nous travaillons, explique-t-on au Moci, en étroite collaboration avec le DTCM (Department of Tourism and Commerce Marketing), l’entité de tourisme de Dubaï. Elle a mis en place une stratégie et travaille avec des opérateurs hôteliers à étendre l’offre en terme d’établissements à la fois abordables et aux standards internationaux ».
C’est ainsi que le géant Emaar, partenaire officiel d’Expo Dubaï 2020, développe aujourd’hui six hôtels Rove. C’est une marque « décontractée, stylée et abordable », précise l’organisateur dubaïote. Emaar comme les autres groupes hôteliers présents dans l’émirat ne prépareraient d’ailleurs pas seulement l’exposition universelle. Leur ambition serait plus vaste et s’inscrirait dans la volonté de l’émirat de développer le tourisme. L’objectif serait ainsi d’accueillir quelque 30 millions de visiteurs vers 2020, au lieu de 15,8 millions en 2017.
Entrées : les prix des tickets ne sont pas encore publics
Une autre question lancinante à laquelle ne répond pas vraiment Expo 2020 est la raison pour laquelle les prix des tickets d’entrée ne sont pas publics. Ceux-ci sont, pourtant, réclamés à cor et à cri par les tours opérateurs.
Du côté de l’organisateur, on maintient depuis de longs mois que les prix des entrées ne seront pas annoncés avant avril prochain. Pour autant, y précise-t-on, rien n’empêche un tour opérateur de prendre contact. S’il souhaite devenir revendeur, c’est toujours possible, comme c’est déjà le cas avec différents homologues internationaux, précise-t-on au Moci. Dans ce cas, « nous sommes tout à fait disposés à partager notre tarification afin de faire de lui un revendeur officiel de billets pour l’Expo 2020 à Dubaï », affirme l’organisateur.
La crise politique avec le Qatar
Un troisième point mérite qu’on s’y arrête. Il s’agit de la crise politique dans le Golfe depuis 18 mois**. Avec l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Égypte, les Émirats arabes unis (EAU) ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Or, ce petit pays fournit son gaz aux EAU et particulièrement à Dubaï. Si Doha décidait de fermer le gazoduc Dolphin qui approvisionne Dubaï, 30 % de la production électrique de l’émirat manqueraient alors.
On n’imagine pas aujourd’hui qu’une telle décision soit prise, y compris pendant l’exposition universelle. Même si le Qatar résiste bien à l’embargo décrété par ses voisins, il s’exposerait à des mesures de rétorsion, sans précédent peut-on imaginer. Un risque que le petit pays n’est certainement pas prêt à prendre.
Au demeurant, on ne voit pas de signes de nervosité du côté des entreprises. Les partenaires de l’exposition internationale se pressent, arabes et étrangers, comme Emirates, DP World, Nissan ou SAP. Deux d’entre eux ont même décidé d’installer sur place une base régionale, Siemens et Accenture.
Ces deux groupes ont décidé de profiter de l’ambitieux projet de transformation de l’exposition en une cité intelligente. Au sein de cette ville du futur, appelée District 2020, Siemens s’est engagé à déplacer sa centrale logistique internationale et Accenture a annoncé son intention d’ouvrir une plate-forme numérique.
Pour qu’émerge une smart city sur le site de Dubaï Expo 2020, 80 % du bâti seront conservés, comme le pavillon de la Durabilité (dont le thème est vivre en harmonie avec le monde), transformé en un centre d’éducation scientifique et d’éducation des enfants, ou le centre de conférence et d’exposition qui sera géré par le Dubaï World Trade Center.
Les projets d’infrastructure ne manquent pas. Ainsi, Dubaï prévoit que l’aéroport international Al Maktoum, au sud du site de la future ville, deviendra numéro un mondial en 2025. L’objectif est de passer à 240 millions de passagers.
François Pargny
* Lire également : Émirats arabes unis : les grands travaux d’Expo Dubaï 2020 battent leur plein
** Et dans la LC de cette semaine : Qatar / Risque pays : les entreprises s’adaptent à un marché qui reste porteur