En marge des grands rendez-vous des vins conventionnels (Vinexpo, ViniSud, VinoVision), le Salon mondial des vins biologiques Millésime Bio creuse son sillon, loin de Bordeaux et Paris, au cœur de l’Occitanie, à Montpellier.
C’est en 1993, deux ans après sa propre fondation, que l’interprofession SudVinBio a créé ce salon réservé au vin bio. Un évènement qui va être étendu à la bière, aux spiritueux et au cidre pour la première fois lors de la prochaine édition, du 28 au 30 janvier .
« Ce qui nous a aminé dès le départ, c’est une éthique. Nous prônons des valeurs et offrons une sécurité totale aux acheteurs qui savent que tous les produits qui sont présentés sont uniquement bio », affirmait Patrick Guiraud (notre photo), président de SudVinBio, lors d’une conférence de presse, le 23 novembre.
Les produits contrôlés pendant le salon
L’association interprofessionnelle assure ainsi la traçabilité des vins : non seulement les producteurs mixtes, c’est-à-dire ceux dont l’offre comprend les deux types de vins, conventionnels et bio, ne sont autorisés qu’à exposer du bio, mais les produits doivent être certifiés avant le salon et des experts réalisent des contrôles pendant l’évènement.
C’est au nom de cette éthique que Millésime Bio a toujours refusé les propositions de rapprochement de ViniSud, le Salon des vins méditerranéens, passé aujourd’hui sous le giron du groupe Comexposium pour proposer une offre conjointe avec VinoVision, le Salon des vins septentrionaux. Quant à Vinexpo, tranche Patrick Guiraud, « il a essayé de faire du bio, ça n’a jamais marché ».
Si Millésime Bio peut revendiquer son indépendance, c’est aussi parce que ses organisateurs surfent sur une tendance favorable au bio, en particulier en France. D’après une enquête européenne, réalisée par l’institut londonien IWSR, 32 % des vins bio exportés dans le monde sont des vins français, faisant de la France le leader à l’international devant l’Italie et l’Espagne.
En outre, alors que les importations de bio dans l’Hexagone sont infimes (0,5 % des achats), la consommation de ce type de vin ne cesse de croître, alors que celle des vins conventionnels continue, elle, à décroître. Selon Jose Luis Hermoso, responsable de l’étude chez IWSR, la consommation de bio va passer de 112 millions de cols en 2017 à 207 millions en 2022 pendant celle de vins conventionnels va tomber de 3 milliards de cols à 2,7 milliards. « Le consommateur en France est prêt à payer un peu plus cher. Si la santé est aujourd’hui la première demande des consommateurs, l’environnement dans leurs préoccupations va monter, en raison des inquiétudes sur le changement climatique. Ce sont deux aspects qui favorisent les produits d’une économie durable et sociale comme la nôtre », assurait Patrick Guiraud.
Une participation en hausse, un esprit de convivialité
Preuve d’un engouement pour le bio, qui est constaté aussi dans d’autres pays, comme l’Allemagne, la participation va augmenter au rendez-vous annuel de Montpellier. Le nombre d’exposants passera ainsi de 1 000 en 2018 à 1 200 en 2019, dont 25 % en provenance de 17 pays étrangers. Les Italiens seront une centaine et les Espagnols environ 50.
Une cinquantaine de vignerons français et internationaux figure sur une liste d’attente. « Nous tenons beaucoup à l’esprit de convivialité. Le placement est aléatoire. Un Bourguignon peut se trouver à côté d’un Chilien ou d’un Libanais. Et chacun, quel que soient sa taille et son origine, dispose d’un table avec une nappe blanche et deux chaises », précisait Nicolas Richarme, président de la Commission Millésime Bio à SudVinBio.
S’agissant de la fréquentation, 5 700 acheteurs se sont déplacés cette année, contre 4 800 en 2017. Soit une croissance de 17 % que les organisateurs espèrent rééditer. Ces visiteurs étaient très divers : cavistes, restaurateurs ou encore monopoles suédois.
François Pargny