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Guide business Côte d’Ivoire 2018 : les secteurs porteurs

Dans un grand pays de cultures, l’agroalimentaire demeure porteur. Les déchets issus de l’agriculture peuvent, au demeurant, servir de biomasse pour produire de l’énergie. L’électricité est justement un secteur particulièrement dynamique, avec le développement de l’énergie renouvelable. Enfin, la santé offre aussi des débouchés réels tant pour les infrastructures que les matériels.

 

Agroalimentaire
Une agriculture à développer, une transformation à encourager

Dans un pays très dynamique, dont la population va doubler à 50 millions d’habitants en 2050, les grandes tendances de l’agroalimentaire ne peuvent être ignorées des entreprises françaises. Directeur du bureau de Business France à Abidjan, Gérald Petit mentionne ainsi « le développement de l’agriculture vivrière, de l’élevage et de la pisciculture ». Les enjeux des programmes d’accompagnements reposent sur l’intensification et la diversification des productions, tout en préservant l’eau et les sols et en investissant dans les infrastructures modernes de distribution (abattoirs, entrepôts frigorifiques, marchés couverts). Des pratiques agricoles moins gourmandes en surfaces, en engrais et en eau, telle que la culture hors-sol, sont encouragées.

Par ailleurs, la valorisation des ressources naturelles demeure un enjeu pour la Côte d’Ivoire. Ou un défi, car force est de constater que des obstacles n’ont toujours pas été levés. « La filière agroalimentaire est confrontée à la bureaucratie locale et la non-application du statut de zone franche, auquel sont attachés des avantages pécuniaires. Du coup, les entreprises, à qui l’État doit de l’argent, ralentissent leurs investissements », confie ainsi un observateur de l’économie ivoirienne.

Selon lui, de nombreux projets d’extension ou des créations ex-nihilo attendraient, par exemple dans les fruits et le cacao, ou encore la construction d’abattoirs, la conserverie et le domaine laitier.

 

Electricité
Le courant passe dans les énergies renouvelables

On pourrait penser que l’économie ivoirienne est à l’abri des pénuries d’électricité. En effet, fait assez remarquable pour un pays en développement, la Côte d’Ivoire exporte 15 % de sa production dans la région.
En vérité, Abidjan va devoir mener une course à l’énergie si elle veut répondre aux besoins croissants de son industrie. La diversification du mix énergétique s’impose pour répondre à la demande future et respecter les engagements de la Côte d’Ivoire lors de la Cop 21 à Paris. « Du fait de la transition énergétique annoncée, les projets hydrauliques, gaz, biomasse, solaire ont le vent en poupe », observe Gérald Petit, directeur du bureau de Business France en Côte d’Ivoire.

Le gouvernement, a fixé comme objectif de doubler la production à 4 000 mégawatts (MW) en 2020 et 6 600 MW en 2030, poursuit ainsi un programme ambitieux de barrages. Le 2 novembre 2017, le barrage de Soubré, une immense construction de 4 km sur le fleuve Sassandra au sud-ouest du pays, a été inauguré. D’une puissance de 275 MW, il accroît la capacité de production du pays d’environ 10 %. Et ce n’est pas fini puisque la première pierre du barrage de Gribo Popoli, sur le même fleuve, a également été posée. Aujourd’hui, selon l’Association ivoirienne des énergies renouvelables (AIENR), la fourniture d’électricité est encore assurée à hauteur de 75 % par l’énergie thermique. Dans le solaire, la Côte d’Ivoire a consommé à peine 1 MW en 2018. Les projets ne manquent pas, mais l’exemple du Sénégal fait peur. Pionniers dans ce domaine dans la région, les Sénégalais rachètent à des prix très bas l’électricité d’origine solaire qui passe dans le réseau national. Ce qui est bon pour l’utilisateur ne l’est pas forcément pour l’industriel, ce qui expliquerait les hésitations en Côte d’Ivoire.

Pour autant, certains projets débouchent. Avec la centrale solaire de Bandiouli, dans le nord du pays, d’une puissance de 37,5 MW, la Côte d’Ivoire pourrait atteindre les 11 % d’énergie renouvelable qu’elle s’est fixée à l’horizon 2020. Elle serait donc sur la bonne voie dans l’objectif de 16 % qu’elle a établi pour 2030. Et ce, d’autant que deux projets ont été annoncés dans les six derniers mois à Korhogo, au nord du pays.
S’agissant de l’ouvrage à Bandiouli, c’est une initiative allemande, avec un financement de 27 millions d’euros, accordé par la banque allemande de développement KfW, et une contribution de 9,7 millions d’euros de l’Union européenne. Pour les deux centrales de Korhogo, ce sont des tailles et des opérateurs différents : une unité de 25 MW pour la société Korhogo Solaire et de 66 % MW pour Poro Power 1.

Les autorités ivoiriennes projettent d’injecter environ 16 milliards d’euros dans les énergies renouvelables d’ici 2030, avec, en grande partie, un financement privé. Les ouvrages dans le solaire seront plutôt installés dans le nord du pays, alors que les chantiers de biomasse seront lancés, au contraire, dans le sud, plus agricole.

C’est ainsi qu’un accord pour la construction d’une centrale électrique fonctionnant à la biomasse de cacao a été signé entre la Société des énergies nouvelles (Soden) et l’agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA). Première centrale de ce type, implantée à Divo, à 190 kilomètres à l’ouest d’Abidjan, elle produira de l’électricité à partir de 26 millions de tonnes de déchets annuels issus du cacao. Le coût de l’investissement, pour une centrale de 70 à 80 MW, est estimé à 235 millions d’euros. Le chantier devrait être lancé l’an prochain pour terminer en 2023.

D’autres projets sont dans les cartons, notamment par le groupe agro-industriel ivoirien Sifca et le français EDF. Les deux compagnies prévoient ainsi d’implanter à Aboisso, ville située à environ une centaine de kilomètres à l’est d’Abidjan, une centrale de 46 MW et d’un coût de 160 millions d’euros. Seraient valorisés les feuilles et les troncs de plants de palmiers à huile de Sifca.

 

Santé
De gros investissements pour le marché local et régional

Début novembre, le ministre ivoirien de la Santé, Eugène Aka Aouélé, annonçait que le gouvernement s’était engagé à injecter quelque 1,4 milliard de dollars d’ici 2020 dans les infrastructures et les équipements. Le programme comprendrait notamment la construction de 200 établissements sanitaires de premier contact, 6 nouveaux Centres Hospitaliers Régionaux (CHR), un Centre Hospitalier et Universitaire (CHU) à Abobo et 3 hôpitaux militaires à Bouaké, Daloa et Korhogo. Pour les appuyer, la Côte d’Ivoire peut compter sur l’appui des bailleurs de fonds, généralement très actifs dans les secteurs sociaux.

L’Agence française de développement (AFD) a, par exemple, soutenu la remise à niveau d’hôpitaux et réhabilité et équipé des dispensaires. Parmi les réalisations symboliques de ces dernières années, Abidjan a accueilli le Centre national de radiothérapie et d’oncologie pour le traitement du cancer et le Centre hospitalier et universitaire (CHU) d’Angré. La capitale économique sera encore le siège du futur Centre de médecine nucléaire.

L’émergence d’une filière de la santé est une bonne nouvelle pour la France. « Les médecins, les pharmaciens ivoiriens viennent en France pour étudier et reviennent chez nous pour une formation suivie », souligne Jean-Louis Giacometti, le directeur général de CCI France Côte d’Ivoire, citant, notamment, le cas de praticiens du centre de cancérologie d’Abidjan.

Toutes ces infrastructures pour le marché local vont aussi conforter la Côte d’Ivoire dans ses ambitions de devenir un hub régional pour la santé. Premier groupe d’hospitalisation privée en Afrique de l’Ouest, Novamed a racheté en Côte d’Ivoire différentes structures (cliniques, centres de diagnostic…). La compétence des médecins locaux a été un argument, mais le groupe français est aussi persuadé de la capacité du pays à devenir un carrefour régional dans la santé.

S’agissant de ses chances de devenir un hub Santé, l’Eléphant d’Afrique est concurrencé par son voisin anglophone, le Ghana. « Abidjan a, toutefois, une longueur d’avance, disposant du plus grand aéroport international en Afrique de l’Ouest, après celui de Lagos (Nigeria) », explique Gérald Petit, directeur Afrique de l’Ouest de Business France.

En outre, la position de la Côte d’Ivoire vient d’être renforcée au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), qui rassemble huit pays non anglophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), avec l’accord sur la portabilité des droits à la sécurité sociale dans l’espace Uemoa.

Enfin, en Côte d’Ivoire, 2019 devrait être l’année de la généralisation de couverture maladie universelle (CMU) qui fait l’objet depuis 2017 d’une expérimentation auprès des étudiants. Toutefois, le processus a démarré en 2014 par l’enrôlement des populations. Un peu plus d’un million de personnes serait aujourd’hui enregistré. Le secteur formel, qui est la cible, en compterait 3,5 millions.

Beaucoup reste à faire. Il ne faudrait pas oublier que dans ce pays rural, l’espérance de vie plafonne autour de 52 ans. La CMU doit prendre en charge la consultation, le laboratoire, l’hospitalisation, l’imagerie médicale, la chirurgie, la transfusion, les actes paramédicaux, les soins bucco-dentaires et les médicaments (26 classes thérapeutiques). « Il y a un début de protection solidaire », observe Jean-Louis Giacometti. En entreprise, la CMU doit être assumée à parité égale par l’employeur et le salarié. 

François Pargny

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