La visite de François Fillon à Djakarta (30 juin-2 juillet), la première d’un
chef de gouvernement français en 61 ans de relations diplomatiques, visait, selon ses mots, à « remettre à jour le logiciel diplomatique et
économique français, faire une sorte de reset
sur notre ordinateur pour qu’il prenne en compte la réalité de l’arrivée
de l’Indonésie sur la scène mondiale ».
Avec 6,1 % de croissance en 2010 et des perspectives
spectaculaires à moyen terme, l’économie indonésienne explose. Mais la France
peine à tirer profit de cette réussite : elle se hisse au 13ème rang
seulement des importateurs étrangers en Indonésie, loin derrière les pays
asiatiques comme la Chine ou Singapour, et les échanges n’ont toujours pas
retrouvé leur niveau d’avant la crise asiatique de 1998.
Le
nombre des entreprises françaises implantées dans l’archipel stagne également. Il s’est
stabilisé autour de la centaine, sans réelle poussée depuis dix ans. « Il
faut que les gens viennent s’installer en Indonésie, l’outil industriel est
remarquable, la main-d’œuvre est la meilleure de la zone », s’exclame
Alain-Pierre Mignon, président de l’IFCCI, la Chambre de commerce
franco-indonésienne.
Le renforcement de la coopération entre les deux pays passe par un partenariat
stratégique signé entre le Premier ministre français et le président Susilo
Bambang Yudhoyono, qui place l’Indonésie au même niveau que la Chine, l’Inde ou
le Japon en matière de relations bilatérales. Plusieurs déclarations
d’intention ont été signées dans les secteurs de l’énergie et des matières
premières, du tourisme, de l’enseignement supérieur et de la muséologie. Mais
un seul contrat ferme a été finalisé : la commande par la compagnie aérienne
nationale Garuda Indonesia de quatre Airbus A330-300.
Reste pour les grands
groupes français à se positionner dans le secteur des infrastructures, un
marché immense en Indonésie, qui manque de routes, de ponts, de voies ferrées
ou d’hôpitaux pour accompagner son développement économique : le pays
devrait représenter 45% du PIB de l’Asean en 2020.
Vincent Souriau, à Jakarta