L’explosion,
lundi 11 juillet, d’un stock d’armes à la base militaire d’Evangelos Florakis à
Vassiliko (côte Sud), qui a fait 13 victimes et détruit la plus grande centrale
électrique du pays, a plongé l’économie de l’île dans l’incertitude.
Pour la
première fois depuis le « lundi noir », le gouverneur de la Banque
centrale de Chypre Athanasios Orphanides a évoqué, dans une lettre adressée le
18 juillet au président de chypriote et citée par l’AFP, le recours à une aide
étrangère. « Pour éviter le pire,
notamment que Chypre ne soit contrainte de recourir à un mécanisme de soutien,
et tout ce que cela implique pour l’économie, de nouvelles mesures plus
draconiennes doivent être prises immédiatement », souligne M.
Orphanides, qui siège également au conseil des gouverneurs de la Banque
centrale européenne (BCE).
Cette crise
intervient alors que l’économie de Chypre, qui est membre de l’Union européenne (UE)
depuis 2004 et a adopté l’euro en 2008, commençait à voir le bout du tunnel de
la récession économique (voir notre dossier Guide business 2011 Chypre, La plateforme, paru dans Le MOCI N° 1895). Après une timide croissance de 1 % du PIB, le
gouvernement tablait sur une hausse de 1,5 % pour 2011. Les coupures de courant
vont certainement rectifier cette prévision à la baisse. En outre, cette crise
va creuser un peu plus le déficit
budgétaire, à propos duquel nombre d’économistes s’étaient montré inquiets ces
derniers mois. Selon des experts, la reconstruction de la centrale qui
fournissait 60 % de l’électricité de Chypre, coûtera plus d’un milliard d’euros.
L’explosion
a coïncidé avec la commémoration de l’invasion de 1974, qui a provoqué la
partition de l’île en deux zones, grecque au sud, et turque au nord, reconnue
uniquement par la Turquie. L’idée d’importer de l’électricité depuis la partie
nord de l’île passe mal dans l’opinion publique. L’archevêque Chrysostomos II,
chef de la puissante Eglise orthodoxe de Chypre, a déclaré qu’il préférait « s’éclairer à la lanterne »
plutôt que d’accepter l’électricité du Nord.
Sophie
Creusillet