Alors que les investissements
directs étrangers (IDE) étaient en berne en Algérie depuis deux ans, les
services du Premier ministre viennent de publier un bilan très positif au premier semestre de cette année.
En effet, Alger vient d’annoncer que 113 projets, représentant près de 7 milliards de
dollars d’IDE, ont été présentés à l’Agence nationale de développement de
l’investissement (Andi). Ce montant serait donc trois fois supérieur à celui des investissements étrangers engagés en 2010, chiffre dévoilé, fin juillet, par la Conférence des Nations
Unies pour le commerce et le développement (Cnuced), dans son
rapport 2011 sur l’investissement mondial.
La Cnuced précisait que « les investissements
étrangers engagés en Algérie » s’étaient établis « à 2,29
milliards de dollars en 2010 ». Ce chiffre marquait un recul par rapport à
2009 (2,76 milliards), apportant ainsi de l’eau au moulin de ceux qui critiquent
la politique de l’Algérie en matière d’investissement depuis la loi de finances
complémentaire entrée en application le 28 juillet 2009 (LFC 2009).
En avril dernier, dans une étude
intitulée « Investissements directs étrangers et partenariats vers les
pays méditerranéens en 2010 », Anima,
le réseau méditerranéen des agences d’investissement, jugeait que le mauvais rendement
de l’année 2010 en matière d’IDE résultait d’un « certain
anti-libéralisme » pratiqué par le gouvernement. En cause notamment, la
règle 51/49, qui oblige pour tout nouvel investissement les étrangers à céder
au moins 51 % à un opérateur algérien.
Quelques mois après, à la
mi-juillet, le directeur général de l’Andi,
Abdelkrim Mansouri, tenait un discours tout à fait opposé, en annonçant
l’enregistrement à l’Andi de 15 nouveaux projets d’investisseurs étrangers
pendant le premier semestre 2011. Pour lui, ce résultat confirmait
« l’attractivité de l’Algérie en matière d’investissement » et
« l’acceptation des nouvelles mesures régissant l’investissement, notamment
la règle des 51/49 ».
La LFC 2009 imposait aussi un
certain nombre de mesures restrictives en matière d’importations, comme
l’introduction du crédit documentaire et la suppression du crédit à la consommation. L’objectif
était alors de réduire le montant des achats à l’étranger, qui venait de
franchir la barre des 39 milliards de
dollars cette année-là. Or, au premier semestre 2011, les fournitures hors
d’Algérie ont déjà atteint 23 milliards de dollars – contre 20 milliards entre
janvier et juin 2010 – et, à ce rythme, le montant global de l’année en cours
pourrait se rapprocher des 50 milliards de dollars.
Entre temps, le gouvernement a
facilité l’accès des importateurs aux devises et allongé la liste des produits
subventionnés pour répondre à la pression de la rue. Dès janvier, il a
été confronté à des émeutes contre la vie chère, la hausse des prix et les
pénuries. Les seules fournitures de blé ont bondi de 128 % au premier semestre,
celles de lait ont presque doublé, les importations de véhicules et de
médicaments ont gagné respectivement 33,7 % et 25 %.
La France a vendu trois millions
de tonnes de blé à l’Algérie, comblant ainsi les trois quarts de ses besoins en
grains. D’après les Douanes françaises, ses exportations vers son partenaire
maghrébin, globalement, sont passées de 2,6 milliards entre janvier et juin
2010 à 2,8 milliards pendant les six premiers mois de cette année, mais surtout
ont bondi de 323 millions à 804 millions rien que pour les céréales. Pour ces
produits de base, le bond a donc été de plus de 149 %.
D’après les calculs établis par la société GTIS,
partenaire du MOCI, nombre de grands postes d’exportation de la France vers
l’Algérie affichent des baisses sensibles : la mécanique (- 21 %), la
pharmacie (- 14 %), l’équipement électrique (- 17 %), les ouvrages en fonte,
acier et fer (- 59 %), et les combustibles (- 40 %). Les livraisons
automobiles, en revanche, restent stables, alors que les expéditions d’optique
et de produits laitiers engrangent des gains substantiels, respectivement de
près de 40 % et de 30 %.
François Pargny