Aéroports de Paris, premier hub d’Europe, domine le secteur du fret français. Pour exister sur ce marché, les aéroports provinciaux développent des compétences internationales sur des secteurs particuliers.
En France, où la centralisation est reine, les aéroports provinciaux se partagent 10 % seulement du trafic total de fret. C’est pourquoi ils ont choisi de se spécialiser sur certaines niches : équipements pétrolier et gazier vers les pays du Maghreb à Marseille-Provence, développement du fret express à Lyon Saint-Exupéry, fret et maintenance à Châteauroux-Centre, satellites et parfums à Nice-Côte d’Azur.
Une obligation pour ces sites qui font face au géant qu’est Aéroports de Paris (Charles-de-Gaulle et Orly). Avec plus de 2 millions et demi de tonnes transportées chaque année, c’est le premier hub européen pour le fret aérien, et le sixième mondial, selon l’Airports Council International. Plus de 90 % du fret aérien en France est traité à Paris Charles-de-Gaulle. Soit environ 220 entreprises impliquées dans cette activité et implantées sur la plateforme, et près de 17 000 emplois générés par cette activité.
En 2010, avec 2,4 millions de tonnes transportées y compris le fret postal, soit une progression de 16,8 % par rapport à l’année 2009, le hub de Roissy a battu son record en termes de volume transporté. Paris Orly reste, quant à lui, le deuxième aéroport français en termes de fret, avec 102 618 tonnes transportées en 2010. Roissy Charles-de-Gaulle continue de grandir. Le hub a accueilli trois nouvelles compagnies tout-cargo (spécialisées dans le fret) en 2010, à savoir, Air China Cargo, Trans Mediterranean Airways et AirBridgeCargo. Si bien que Roissy totalise désormais 16 opérateurs tout-cargo sur sa plateforme. « Nous avons un fort potentiel foncier, avec 350 hectares pour la zone de fret de Roissy, et encore 140 hectares de réserve. Par ailleurs, les gares de fret sont en voie de modernisation et de nouvelles gares sont en projet », détaille Anne Frisch, directrice des opérations de Charles-de-Gaulle, qui voit le hub parisien comme un « facilitateur » pour tous les acteurs du fret : commissionnaires, sociétés de « handling » (manutention), chargeurs. « Le système à Charles-de-Gaulle fonctionne tellement bien, avec une desserte exceptionnelle en matière de transports et des infrastructures de très bon niveau, sans compter le poids d’Air France et son hub, que les sites régionaux ont du mal à émerger, hormis quelques plateformes comme Marseille ou Lyon qui se maintiennent. Mais les hubs dédiés au fret proches de la région parisienne, comme Châteauroux ou Vatry, restent marginaux », analyse Bertrand Eberhard, chef de service à l’Union des Aéroports français.
Une opinion partagée par Claude Picciotto, directeur achats fret aérien Europe chez SDV (groupe Bolloré), premier commissionnaire de transport pour le fret aérien en France avec 517 168 tonnes en 2010 (+12 %). « Aéroports de Paris a fait ce qu’il fallait pour rendre Roissy plus dynamique et répondre aux principaux besoins des chargeurs », confirme-t-il.
Dossier réalisé par Patrick Capelli
Le fret aérien rebondit
Si le trafic mondial de fret aérien représente seulement 3 % du volume de marchandises expédiées dans le monde, tous moyens de transport confondus, il pèse 45 % de leur valeur. Avec la reprise économique, le fret avionné connaît un rebond après la chute de 2009 due à la crise financière mondiale. Le transport de fret aérien en France retrouve son niveau de mi-2008, même si on est encore nettement en dessous du record de fin 2007. Tendance identique à l’échelon mondial, avec un trafic de 43,6 millions de tonnes transportées en 2010 contre 36,9 en 2009 selon l’IATA (International Air Transport Association) qui prévoit 46,2 millions de tonnes en 2011. En France, seul le trafic postal est en baisse (- 6 % en 2010), en raison de la décision du groupe La Poste de réduire son recours à l’avion. Le fret aérien à l’international est une activité importante en termes de chiffre d’affaires pour les aéroports français, mais également d’emplois, principalement aux abords des hubs aériens. Le chiffre d’affaires fret de Charles- de-Gaulle, premier hub français et européen (avec Orly) a été de 6,2 milliards d’euros en 2010, qui ont généré 42 000 emplois dans les départements limitrophes de Roissy (source TLF Overseas). À chaque augmentation de trafic de 100 000 tonnes de fret avionné, ce sont 1 100 emplois directs qui sont créés. Une tonne de fret aérien a une valeur moyenne de 100 000 euros.
P. C.