La filière du vin peut respirer. Après quatre ans de marasme, elle vient de démontrer qu’elle peut être compétitive, non seulement pour les grands crus et les vins de moyen gamme supérieure, mais aussi pour l’entrée de gamme. Preuve en est le bilan 2017 des exportations françaises de vins et spiritueux *, dévoilé par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (Fevs), le 14 février à Paris.
Si les professionnels des vins et spiritueux ont affiché un record en 2017 à 12,9 milliards d’euros – permettant ainsi à la filière de dégager un confortable excédent commercial de 11,5 milliards – la performance la plus notable est sans doute « le rebond des volumes de vin » pour reprendre l’expression d’Antoine Leccia, à la tête de la Fevs et du directoire du groupe AdVini. « Une hausse de nos ventes en quantité que l’on avait pas connue depuis cinq ans », rappelait-il, et qui montre le réveil des petits vins et des produits de moyen de gamme.
A. Leccia : les rosés de Provence « font un carton »
Dans les vins, les quelque 8,66 milliards d’euros d’exportations ont représenté environ 145 millions de caisses, soit une hausse de 6 % sur 2016. Parmi les produits en forte progression, Antoine Leccia citait les vins de cépage sans identification géographique (VSIG), les bordeaux et les vins de Provence, qui font « un véritable carton », selon le président de la Fevs.
Partis de zéro il y a cinq ans, les rosés de Provence ont dépassé le million de caisses en 2017. Et les VSIG avec cépage ont, eux, augmenté de 13,4 % pour atteindre un volume de 9,8 millions de caisses.
Quant au bordeaux, ses ventes dans le monde ont gagné 13,8 %, franchissant ainsi la barre des 2 milliards d’euros. « En volume, grâce à une augmentation de 6,8 %, les expéditions atteignaient 2,1 millions d’hectolitres », a souligné Georges Haushalter, administrateur de la Compagnie médocaine des grands vins, qui a également indiqué que 100 millions de bouteilles avaient été expédiées en Chine et Hong Kong.
« La Chine, a-t-il précisé, c’est pour les volumes. Hong Kong, c’est un marché de valeur ». Ainsi, quand le prix moyen de vente d’une bouteille s’élève à 7 euros à Hong Kong, en Chine il descend à 4,7 euros.
G. Haushalter : aux États-Unis, bordeaux est « dans le cœur de gamme »
Outre-atlantique, selon lui, « il y a un regain des ventes de bordeaux depuis 2016 » et l’an dernier le bordeaux a confirmé, avec plus de 230 millions d’euros d’exportations, en hausse de 18 %, et un volume 200 000 hectolitres, soit une croissance de 6 %.
Le prix moyen des bordeaux y était de 8,7 euros la bouteille, « ce qui était dans le cœur de gamme », assurait Georges Haushalter, selon lequel bordeaux vend des produits adaptés, c’est-à-dire « assez équilibrés, avec un niveau d’alcool pas trop élevé », avec également « une certaine fraîcheur ».
Cette tendance, ajoutait-il, « est bonne pour les vins européens, français et bordelais en particulier, malgré l’évolution du taux change défavorable [appréciation de l’euro par rapport au dollar, NDLR], parce que bordeaux est capable aujourd’hui d’offrir un rapport qualité/prix satisfaisant ».
L’Espagne et l’Italie ont dû remonter leur prix
Pour autant, la partie n’est pas facile. La part de marché des bordeaux demeure « confidentielle », avec 0,4 % du total des vins consommés aux États-Unis et 1,5 % des importations. De fait, le marché y est approvisionné à plus de 70 % par les vignobles américains et donc la part des importations aux Etats-Unis est inférieure à 30 %.
Il y a quatre ou cinq ans, « les prix en France étaient le double par rapport à l’Espagne et l’Italie. Il y a eu une remontée des prix italiens et espagnols, dont la baisse n’était pas tenable sur le long terme pour assurer une rentabilité, et, face à cela, une stabilité des prix français et de la qualité, qui nous est favorable », s’est réjoui Antoine Leccia.
Un des défis à relever en 2018 va être de gérer la faible récolte dans l’Hexagone. Ce qui ne semble, pourtant, pas inquiéter le président de la Fevs, qui observait que la plupart des grands concurrents étaient dans une situation similaire pour des raisons diverses : incendies en Californie, sécheresse en Afrique du Sud et en Australie, etc.
François Pargny
* Vins et spiritueux / Export : nouveau record des ventes grâce aux États-Unis et à la Chine
Pour prolonger :
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