Le prochain Conseil interministériel de la Mer est annoncé d’ici une semaine. Une occasion qu’entendent saisir le Groupement des entreprises parapétrolières et para gazières (Evolen), le Groupement des industries de construction et activités navales (Gican) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) pour rappeler la nécessité pour le gouvernement de tenir les engagements affichés dans le passé en matière d’énergies marines renouvelables (EMR).
« Un enjeu significatif en matière d’exportation »
En l’occurrence, les trois partenaires, qui ont publié, le 14 novembre, un communiqué intitulé « Énergies marines renouvelables : la filière française demande un calendrier stable et lisible », s’inquiètent de la remise en cause de l’objectif de baisse à 50 % de la part du nucléaire dans le mix énergétique en 2025. Une remise en cause, qui se ferait au détriment inévitablement des énergies renouvelables, dont les EMR.
Or, à ce jour, contrairement aux engagements publics, aucun parc pour les EMR n’est encore en service, alors que les différents projets en développement représenteraient au total 2 000 emplois et « un enjeu significatif en matière d’exportation, puisque la France a la chance de disposer d’industries et de savoir faire maritimes de premier plan ».
« L’éolien posé est la seule des énergies marines renouvelables qui soit déjà en phase commerciale. Dans le monde, il y a environ 12 gigawatts (GW) d’éolien-posé installés. Avec un objectif de 18 GW d’éolien en mer posé* et flottant** installés en 2030, la France se mettrait dans les mêmes ordres de puissance que l’Allemagne ou le Royaume-Uni à cet horizon », expose Boris Fedorovsky, le spécialiste des EMR au Gican.
Ce qui implique, précisent les auteurs du communiqué du 14 novembre, que concernant l’éolien en mer posé, il faut concrétiser et prolonger l’effort entrepris avec les premiers appels d’offres, alors même, ajoute Boris Fedorovsky, que « les derniers d’offres en Europe confirment que cette technologie est devenue compétitive, avec des coûts qui sont tombés de 200 euros le MW heure en 2010-2011 à 75 euros aujourd’hui, raccordement à la terre compris ».
Une dynamique « unique au monde » dans l’éolien flottant
De même, dans l’éolien flottant, « avec quatre fermes pilotes en développement, la dynamique française » serait « unique au monde ». D’après le communiqué, « pour rester en tête dans la course internationale et anticiper la phase industrielle, le futur appel d’offres flottant en phase commerciale, annoncé en novembre 2016, doit désormais être concrétisé au plus vite ».
Selon l’Observatoire des énergies de la mer, fondé l’an denier sous l’égide du cluster maritime français, qui travaille avec le SER, le Gican et les grands acteurs de la filière (GE/ex-Alstom, STX, EDF Énergies Nouvelles, Engie, Adwen, Naval Group), quelque 590 millions d’euros de chiffre d’affaires ont été réalisés en 2016 et des investissements cumulés de 1,3 milliard depuis 2007. A l’export, les grands acteurs commencent à exporter leur savoir-faire et leurs technologies, y compris de plus modestes, comme les bureaux d’étude ou dans la certification-vérification Bureau Veritas. Il faut tenir les engagements pris, alerte la filière.
François Pargny
* Énergie éolienne posée : l’éolienne est fixée sur le fond marin jusqu’à une limite technique de profondeur d’eau qui est actuellement autour de 50 mètres.
** Énergie éolienne flottante : l’éolienne est fixée sur une structure flottante maintenue par les lignes d’ancrage reliées au fond marin afin de limiter les mouvements
Pour prolonger :
–États-Unis / UE : un texte du Sénat américain menace les intérêts européens dans l’énergie en Russie
–Énergies renouvelables / Kazakhstan : les entreprises françaises en force à Expo Astana 2017
–Energie / Réglementations : les nouveaux labels énergétiques entreront en vigueur en 2020
–Export / Australie : la filière navale chasse en meute au salon Pacific
–Dossier Spécial maritime