Le cas de la Bretagne est singulier à bien des égards. D’abord, la Région a été l’une des premières régions de l’Hexagone à adopter un schéma régional, déjà appelé à l’époque Stratégie régionale de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII), laquelle fixait un cap pour la période 2014-2020. Ensuite, la Région, présidée par Loïg Chesnais-Girard, ancien vice-président en charge de l’Economie et de l’innovation, successeur de Jean-Yves Le Drian, n’a pas fusionné au 1er janvier 2016 dans le cadre de la réforme territoriale et par conséquent n’a pas changé de périmètre régional. Enfin, la Région n’a pas changé de majorité politique.
« En Bretagne, on a un cap qui a été donné et on ne va pas le changer, car il fonctionne », affirme Martin Meyrier, vice-président de la Région à l’Économie, l’innovation, l’artisanat et les TPE. « On a un schéma lisible qui est compréhensible des acteurs économiques », souligne l’élu. L’organisation unique de la Bretagne en matière d’aide à l’internationalisation sera donc maintenue. Le business model de Bretagne Commerce International (BCI), bras armé de la Région et de CCI Bretagne pour l’accompagnement à l’export des entreprises bretonnes, a fait ses preuves. « BCI est l’opérateur naturel des entreprises qui veulent aller sur les salons », rappelle l’élu. « On n’a pas de nouvelle feuille de route, car on a une agence, BCI, reconnue pour son efficacité », insiste Martin Meyrier. « C’est intelligible, on a un opérateur pour l’international qui est BCI, et c’est un succès », renchérit l’élu. S’agissant des aides à l’international, celles-ci seront maintenues à travers les dispositifs de la Région. Avec le Pass Export RH, la Région soutient les TPE et PME bretonnes qui recrutent une première personne dédiée à l’export. L’aide financière, plafonnée à 15 000 euros, permet une prise en charge partielle des coûts salariaux chargés sur 12 mois (l’aide couvre 30 % des coûts salariaux pour une demande individuelle et 50 % si la ressource humaine est partagée entre deux entreprises).
Le dispositif Pass Export V.I.E soutient le recrutement de V.I.E (volontaire international en entreprise) via une prise en charge de 30 % des indemnités versées par l’employeur au V.I.E (hors frais de gestion Business France) et ce, jusqu’à 18 mois (durée minimale 6 mois).
En ce qui concerne l’attractivité, le pilotage stratégique est opéré par BCI en charge de l’accueil des délégations et de l’identification des projets d’investissements étrangers en Bretagne. « BCI est l’opérateur opérationnel pour faciliter l’implantation de groupes étrangers sur le territoire », souligne l’élu. À l’agence régionale de développement et d’innovation Bretagne Développement Innovation (BDI) est dévolue le développement de l’image économique de la Bretagne en valorisant les atouts du territoire. « On a la chance en Bretagne d’avoir deux grandes métropoles Brest et Rennes, avec lesquelles nous entretenons un dialogue et une concertation permanente », relate Martin Meyrier. Si chaque métropole a sa propre politique de marketing territorial, la Région dispose d’une marque « BRETAGNE » pilotée par BDI. « On a une marque commune qui fonctionne », assure l’élu.
Venice Affre
Intégrer les métropoles à la stratégie économique
En matière de développement économique, la loi a attribué aux métropoles des compétences complémentaires à celles de la Région, rendant nécessaire le dialogue entre les deux institutions pour éviter toute divergence autant dans les objectifs que dans les dispositifs mis en œuvre. De ce fait, en juin 2016, le Conseil régional de Bretagne s’était engagé à formaliser ces compléments. C’est chose faite, puisque dans les compléments présentés pour validation et intégration, en séance plénière, le 11 février 2017, le conseil régional de Bretagne a intégré le chapitre « métropolitain » et les orientations stratégiques qu’il comprend dans son Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation des entreprises (SRDEII).
Les enjeux de développement économique d’une région et des métropoles « sont forcément très interdépendants, sinon les mêmes », précise le document. « Il n’existe pas de région dynamique sans métropole active, et il ne peut exister de métropole attractive et créatrice sans adossement à une région entreprenante ». À cet effet, le document présente les stratégies respectives de développement économique du territoire métropolitain de Rennes et de Brest.
S’agissant de Rennes, le document souligne l’impératif d’internationalisation de la métropole. En effet, la mondialisation des échanges et de la recherche fait de la scène internationale « l’échelle pertinente pour l’excellence académique et la performance économique », précise le document. De ce fait, dans un contexte de concurrence des territoires, Rennes s’attachera à porter son offre de services « aux standards internationaux » en matière d’accessibilité, offre de mobilité et de transports aussi bien accessibilité routière, ferroviaire qu’aérienne ; de qualité des campus universitaires et offre d’accueil des enseignants, chercheurs et étudiants étrangers ou encore d’infrastructures d’accueil de salons, congrès et colloques de notoriété internationale. L’enjeu de l’attractivité territoriale est partagé par Rennes et la Région. « Cette ambition internationale devra aussi se traduire par des collaborations avec les outils régionaux (BCI) pour le soutien à l’internationalisation des entreprises du territoire métropolitain », peut-on lire dans le chapitre métropolitain contenu dans les compléments au SRDEII.
Quant à Brest, « la métropole, indique le document, rayonne, irrigue et anime aussi des espaces à d’autres échelles ». « Brest et son pays, ajoute le document, comptent un nombre remarquable d’entreprises industrielles reconnues sur les marchés internationaux : industries navales, militaires et civiles, radars, sonars, équipements numériques, équipements pour l’automobile et les transports, production d’énergie, industries agroalimentaires : la liste est diversifiée et loin d’être exhaustive ».
« Ce n’est qu’avec un niveau d’excellence et de reconnaissance internationale que le territoire métropolitain pourra attirer et retenir les talents qui feront sa capacité de créativité et d’innovation et finalement la compétitivité et l’attractivité du territoire breton ». L’un des défis de la métropole est de « conquérir les marchés nationaux et internationaux ».
L’internationalisation est un des leviers importants de la croissance des entreprises et du territoire pour capter de nouveaux marchés. Pour le permettre, et pour garantir la compétitivité de la pointe bretonne, des investissements permanents sont nécessaires, en faveur du désenclavement, de l’amélioration des mobilités et des infrastructures de communication (aéroport international, ferroviaire à grande vitesse, port de commerce, réseaux numériques pour le très haut débit…).
Toutefois, les infrastructures ne font pas tout. De manière globale, l’enjeu pour Brest sera également l’ouverture internationale de son territoire, dans toutes ses dimensions.
L’enjeu de ce partenariat renforcé entre la Région et les métropoles « est essentiel, souligne le document, autant pour les deux métropoles que pour la région tout entière. Il n’est pas mis en œuvre uniquement parce que la loi le prescrit, mais parce que cet intérêt réciproque est partagé ».
Le Conseil régional reconnaît ainsi le rôle et la place des territoires métropolitains dans leur capacité à jouer pour tout le territoire des fonctions de vitrines, de locomotives du développement, de « produit d’appel » en termes d’attractivité.