Alors qu’une 4e session de négociation sur le ‘Brexit’ a débuté cette semaine à Bruxelles, les représentants britanniques du secteur financier et de l’industrie sont à nouveau montés au créneau pour clarifier les modalités du divorce programmé en mars 2019. Dans un rapport publié mardi 26 septembre, l’International Regulatory Strategy Group (IRSG), organisme de promotion de la City, le lobby financier le plus puissant du Royaume-Uni, propose de mettre place un accord de libre-échange dans le secteur afin de permettre aux banques et autres établissements financiers de poursuivre leurs activités transfrontalières après le ‘Brexit’.
Un accord de libre-échange financier…
« Le but est d‘assurer un certain accès réciproque pour les sociétés de l‘UE et britanniques, aussi proche que possible des conditions d‘accès existantes pour de telles sociétés dans le cadre de l‘Union européenne », indiquent ses auteurs. Ils proposent également de créer un nouvel organe de résolution des conflits qui disposerait d‘un pouvoir de sanction. « C’est une question qui concerne l’Europe toute entière, a expliqué devant la presse, Mark Hoban, le président de l’IRSG. Il s’agit bien du rôle de l’Europe dans le monde ».
Car selon lui, le ‘Brexit’ ne bénéficiera pas automatiquement à d’autres places financières au sein de l’UE comme Francfort, Paris ou Amsterdam. « De nombreuses institutions n’ont pas encore arrêté leur stratégie post-Brexit », a-t-il rappelé soulignant l’attrait d’autres villes telles que New-York ou Singapour.
Le plan présenté se base sur le principe de la reconnaissance réglementaire mutuelle. « Même si un ALE offre un niveau élevé d’accès au marché unique, il ne sera jamais vraiment équivalent à la participation au marché unique », souligne Mark Hoban. Dans son rapport, l’IRSG définit donc les contours d’un nouveau modèle d’accord commercial. Ses composantes seraient identiques à celles des accords de libre-échange ‘classiques’ mais ce pacte serait, pour la première fois, strictement appliqué aux services financiers. Il pourrait aussi servir de modèle par la suite « pour établir de nouvelles relations commerciales dans d’autres secteurs fortement réglementés ».
La CBI demande une transition de trois ans
Les entreprises britanniques des secteurs industriels espèrent elles aussi peser sur les pourparlers en cours entre Londres et Bruxelles. Dans un courrier adressé le week-end passé aux négociateurs des deux camps, la Confederation of British Industry (CBI), l’équivalent du Medef en France, réclame une transition de trois ans pour éviter un basculement brutal. « Le risque d’une absence d’accord demeure réel et nécessite de s’y préparer, avec des conséquences inévitables pour l’emploi et la croissance des deux côtés », prévient la lettre.
La période de deux ans, proposée par Theresa May lors de son discours à Florence, est donc jugée insuffisante par le patronat britannique. Mais quelles que soient les modalités, la proposition semble déjà s’imposer à Londres comme à Bruxelles. Michel Barnier, le négociateur en chef côté européen, ne s’y est d’ailleurs pas opposé. Il exige néanmoins des Britanniques des engagements clairs sur les termes du divorce avant d’envisager une éventuelle période de transition.
« Soyons tous raisonnables », plaide également Loïc Armand, le président de la Commission Europe du Medef, dans une tribune publiée cette semaine par Les Echos. « Le chemin, c’est nécessairement une période de transition supplémentaire de deux ans au moins après mars 2019 », estime-t-il, demandant aux Britanniques de jouer franc jeu dans la négociation et de tirer, les premiers, « les leçons du pétrin dans lequel vous vous êtes mis ».
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour Prolonger :
–UE / Réglementations : les normes agricoles européennes menacées par le ‘Brexit’ ?
–UE / Royaume-Uni : la BEI aussi se cherche un avenir ‘post-Brexit’
–Dossier spécial Brexit : du référendum britannique au début des négociations avec l’UE