Après une tournée officielle en Outre-mer à Wallanis et Futuna, puis en Polynésie française, les 21 et 22 février, François Hollande s’est envolé pour l’Amérique du Sud, accompagné du secrétaire d’État au Commerce extérieur Matthias Fekl. Le président français a entamé son périple sud-américain, qui s’inscrivait sous le signe de la diplomatie économique, par une visite d’État, le 23 février, au Pérou (notre photo), pays qui avait accueilli en 2014 la COP20. Les travaux de Lima avaient d’ailleurs permis d’élaborer un avant-projet de texte pour l’accord de Paris, lors de la COP21. La tournée, qui visait à renouer une relation forte avec l’Amérique latine, s’est poursuivie en Argentine –où il a été rejoint par son nouveau ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault– et en Uruguay, les 24 et 25 février.
Hausse de 30 % des échanges commerciaux entre la France et le Pérou
À Lima, le président français a assisté en présence du président péruvien Ollanta Humala au Forum économique franco-péruvien auquel participaient les entreprises françaises faisant partie de la délégation présidentielle. « Nos échanges commerciaux progressent à un rythme rapide. Rien que l’année dernière, ils ont progressé de 30 % et cela vaut aussi bien pour les exportations péruviennes vers la France que pour les exportations françaises vers le Pérou. Nous avons voulu aussi que des entreprises puissent nouer des alliances et que l’investissement puisse être promu, notamment ici, au Pérou », a déclaré François Hollande lors de son discours en marge de la clôture du forum économique.
D’après la base de données de GTIS-IHS, avec des ventes de 250 millions d’euros (+24 % par rapport à 2014), le Pérou était, en 2015, le 93e client à l’export de la France, derrière le Bénin et devant l’Estonie. Dans le Top 3 des familles de biens expédiés figurent « les machines, chaudières, appareils et engins mécaniques » (74,4 millions d’euros), les « machines, appareil et matériel électrique »(35 millions d’euros) et les « produits pharmaceutiques » (26 millions d’euros).
Quelque 80 entreprises françaises sont implantées au Pérou. « Elles sont présentes dans des domaines qui sont ceux de l’avenir : l’énergie, l’eau, les transports, l’assainissement, l’agroalimentaire, la santé, la construction, a indiqué François Hollande. Bref, tout ce que nous avons établi lors de la COP21, tout ce qui va être maintenant généré par les investissements liés à la transition écologique et énergétique ». En matière de financement, l’Agence française de développement (AFD) est présente au Pérou depuis 2014. « En deux ans d’activité, cette agence a déjà engagé près de 300 millions d’euros pour soutenir des projets dans les domaines notamment de la croissance verte », a renseigné François Hollande.
Coopération stratégique dans la défense, les titres d’identité sécurisé, les télécabines
« Nous avons voulu aussi mener une coopération en matière d’industrie de la défense, en termes de matériels mais aussi en termes de formation des personnels, d’échanges d’expériences, pour pouvoir là aussi aller vers ce que jusqu’à présent nos deux pays n’avaient pas imaginé ; s’engager ensemble dans le domaine de la défense. Là encore, signe de confiance mutuelle, nous avons élargi cette coopération aux titres d’identité sécurisés, c’est-à-dire les passeports biométriques (voir notre article) », a détaillé François Hollande.
Dans les savoir-faire en matière de mobilité urbaine, les entreprises françaises qui conçoivent des solutions par câble à l’instar de Poma pourront se positionner sur le marché des télécabines au Pérou, un marché estimé à plus de 100 millions d’euros. S’agissant des infrastructures, Lima a annoncé lors de la visite de François Hollande un projet de construction de 1 000 ponts. « (…) nous sommes spécialistes en ponts, de toutes sortes, que ce soient des ponts culturels mais aussi des ponts qui répondent à toutes les conditions technologiques », a ainsi déclaré le président français lors de son discours.
Les PME ne sont pas oubliées des deux côtés : « J’ai voulu également emmener dans cette délégation, qui est ici présente et qui va continuer vers l’Argentine et vers l’Uruguay, des petites et moyennes entreprises parce que c’était aussi une demande du président [Ollanta Humala], a signalé le président Hollande. Ces petites et moyennes entreprises, qui ont souvent une réticence pour aller vers l’exportation – je sais qu’ici vous veillerez avec vos ministres à permettre leur implantation et leur développement – dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, nous voulons nouer une coopération originale ».
Installer un partenariat franco-argentin dans la cohérence et la durée
François Hollande s’est ensuite envolé pour l’Argentine où il a effectué une visite d’État, les 24 et 25 février. À cette occasion, le président de la République a notamment indiqué vouloir élaborer avec son homologue Mauricio Macri « une feuille de route économique » pour installer le partenariat entre les deux pays « dans la cohérence et la durée ». Il a aussi annoncé sa volonté de faciliter l’accès aux financements export pour les projets dans ce pays.
« Il y a 250 entreprises françaises qui sont implantées en Argentine », a ainsi rappelé François Hollande lors d’une conférence de presse donnée conjointement avec le président argentin. Les entreprises françaises en Argentine sont présentes dans l’agroalimentaire, l’énergie, et la production automobile. Le constructeur Peugeot, qui possède un site d’assemblage à Buenos Aires, bénéficie d’une présence historique en Argentine, marché sur lequel il est présent depuis les années 60. « J’ai décidé avec le ministre des Affaires étrangères (Jean-Marc Hérault) de faciliter tous les crédits à l’export pour les entreprises qui viendront ici en Argentine », a déclaré le chef de l’État français.
A Buenos Aires, le président français s’est aussi exprimé devant les représentants du monde économique argentin. L’occasion de rappeler que des liens de nature commerciale existent déjà entre la France et l’Argentine. « Nous ne partons pas de rien puisque nos échanges commerciaux atteignent 2 milliards d’euros et que l’Argentine est notre troisième marché en Amérique latine. Nos exportations ont même progressé l’année dernière de plus de 50 % grâce, il est vrai, à la dynamique des secteurs aéronautiques et pharmaceutique », a ainsi souligné le président Hollande.
L’Argentine est le 50e partenaire à l’export de la France. Les exportations tricolores vers l’Argentine se sont élevées à 1,3 milliard d’euros en 2015 (+44,7 % par rapport à 2014), d’après la base de données GTA-GTIS. Avec une facture de 263 millions d’euros, le poste « navigation aérienne ou spatiale » a représenté le premier secteur d’exportation.
Plusieurs accords ont été signés lors de cette visite d’État. Une convention-cadre de coopération et de partenariat a ainsi été paraphée le 25 février entre l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) français et le ministère argentin des Médias et des contenus publics. L’Ina va accompagner le gouvernement argentin dans son projet de réforme du secteur audiovisuel public et apportera notamment son expertise pour la création d’un centre unifié des archives audiovisuelles nationales. Cet accord s’inscrit dans le cadre de la stratégie de développement international de l’Ina telle que définie dans son nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM4).
Enfin, François Hollande a achevé sa tournée sud-américaine, le 25 février, par une escale de six heures en Uruguay, 104e partenaire de la France à l’export. Il a rencontré à Montevideo son homologue José Mujica. Au cours de cette visite, les chefs d’entreprises de la délégation française ont pu rencontrer des chefs d’entreprises locaux. Parmi les annonces faites en Uruguay, François Hollande a révélé lors d’une déclaration conjointe avec son homologue que l’Uruguay avait fait confiance à Total pour une « exploration exceptionnelle » sur le sol uruguayen qui fera appelle à « des technologies de très haut niveau ».
Venice Affre