Une fois n’est pas coutume, c’est plutôt un message optimiste qu’a délivré le 6 octobre Euler Hermes France à travers son dernier baromètre sur l’export. Et il est double : non seulement quelque 30 milliards (Mds) d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires à l’export seront à capter l’an prochain par la France, deux fois plus que cette année, mais en outre une large majorité des 800 entreprises françaises interrogées par l’assureur-crédit pour ce baromètre -83 % exactement- veulent y aller.
« C’est un renversement de tendance par rapport aux baromètres précédents » a estimé Frédéric Andrès, économiste venu d’Allianz (maison mère d’EH), qui a rejoint il y a quelques mois l’équipe de Ludovic Subran. Le renversement, très net, a même surpris les économistes, qui estiment qu’il y a une opportunité à prendre : « Nous en sommes à 5 ministres du Commerce extérieur depuis 2012 : 2015 est la dernière chance côté lutte contre le déficit commercial, a commenté Ludovic Subran, chef économiste. Notre message est clair : il y a une carte à jouer ».
Le vent est d’autant plus favorable qu’avec la baisse du cours de l’euro/dollar, EH mise sur une stabilisation autour de 1,25 USD, ce qui apportera un supplément de compétitivité prix aux producteurs français. Selon les économistes de l’assureur-crédit, une telle stabilisation reviendrait à une baisse de 10 % du taux de change nominal et de 5 % du taux de change effectif réel (c’est à dire vis à vis de toutes les monnaies). De quoi donner un ballon d’oxygène aux offres françaises.
Les zones et et les secteurs moteurs
De quoi sera faite la demande supplémentaire adressée à la France ?
Au plan géographique, les économistes d’EH estiment qu’elle sera tirée par la reprise-même timide- de la croissance mondiale et qu’elle proviendra de la zone euro, pour une faible part mais surtout du reste du monde. Elle est ainsi chiffrée à 1,4 Md EUR supplémentaires pour chacune des zone suivantes : noyau dur de l’ Asean*, Chine, Afrique et Moyen orient. Elle atteindrait 2,9 Mds EUR supplémentaire pour les Etats-Unis et 2,7 Mds EUR pour l’Europe émergente.
En zone euro, 1,4 Md supplémentaire proviendrait respectivement de l’Espagne et de la Belgique, 1,5 Md d’Italie, et 1,8 Md du Royaume Uni.
Parmi les secteurs les plus moteurs de cette demande, les équipements et machines industrielles compteraient pour 6,2 Mds EUR, et la chimie pour 6 Mds, soit un tiers de cette demande supplémentaire. L’agroalimentaire se détache aussi avec + 3,8 Mds de demande supplémentaire.
Pour les autres secteurs, la répartition des gains se présente comme suit : automobile + 2,7 Mds; électronique et informatique + 2 Mds; équipements électriques + 1,3 Md; énergie et textiles + 1,3 Md chacun; bois et papier + 1,2 Md; fer et acier + 1 Md; métaux non-ferreux + 0,5 Md.
Désirs et craintes des entreprises
Les résultats du baromètre 2014 montrent non seulement que qu’une majorité des entreprises exportatrices françaises interrogées pour ce baromètre (dont 63 % sont dans l’industrie de biens d’équipements) sont « volontaristes » mais qu’elles sont en plus « courageuse et téméraires » selon les mots de Frédéric Andrès.
Car pour le top 10 des destinations qu’elle visent, si le triptyque Allemagne-Belgique-Espagne reste en tête avec de leur top 10 des destinations 2014 (comme les précédent baromètres) et que l’Italie est en 6ème position, il ne reste plus que l’Italie et l’Allemagne dans le top 10 2015, et au dernier rang.
Le Brésil, l’Algérie, l’Inde et la Chine occupent les 4 premières places pour 2015, et le Maroc, la Russie et les Etats-Unis sont respectivement au 6ème, 7ème et 8ème rangs de leurs priorités.
Autrement dit, l’Italie et l’Espagne ne « font plus rêver » les exportateurs français tandis que l’Allemagne serait perçue comme « saturée ». Résultat : « Avec 53 % de réponses favorables, une entreprises sur deux veut exporter dans un nouveau pays » a observé Frédéric Andrès.
Parmi les risques de l’export les plus craints, arrivent en tête le risque d’impayés (55 %), le manque d’informations financières sur les clients (47 %) et le manque de collaborateurs dédiés (45 %). « Elles y croient, elles veulent y aller, il faut les accompagner pour que cela soit pérenne » a observé Ludovic Subran.
Les aides publiques ont un rôle à jouer. Or, selon les résultats du baromètre, il existe un problème de « ciblage »: si un tiers des interrogées ont recours aux aides publiques, une sur 4 trouve encore le dispositif public « complexe et méconnu », et deux tiers des petites entreprises, celles qui en auraient le plus besoin, n’y ont pas recours …
Christine Gilguy
*Philippines, Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Cambodge
Pour prolonger :
Le communiqué de presse d’Euler Hermes ainsi que les slides de présentation de l’étude sous format Pdf sont dans notre rubrique Etudes & Rapports. Cliquez ICI