Le risque financier en Afrique sub-saharienne reste élevé, notamment en raison du niveau du risque pays dans un certain nombre d’Etat dont les finances publiques ont été heurtées de plein fouet par la chute des cours du pétrole et des matières premières ces deux dernières années. Pour l’agence de notation (rating) des risques financiers S&P Global Ratings, l’année 2017 s’annonce ainsi à nouveau pleines de défis pour un certain nombre d’Etats sub-sahariens trop dépendants de leurs matières premières mais aussi confrontés au ralentissement, voire la récession des marchés qui constituent leurs principaux débouchés à l’exportation, en particulier en Europe et en Chine.
Des perspectives qui pèsent négativement sur les notes de risque des titres de dette souveraine (emprunts des Etats sur les marchés internationaux, notamment celui de l’eurobond) attribuées par E&P et qui ont été plutôt à la baisse en 2016 selon sont dernier rapport « Sub-Saharan Africa Sovereign Rating Trends 2017 », publié le 10 janvier*.
Les titres d’emprunts de 15 Etats sur 17 en catégorie « spéculative »
De fait, sur les 17 Etats dont les dettes souveraines sont évaluées par S&P, quelque 15 voient leurs titres de dette classés en catégorie « spéculative » : Angola (B-), Burkina Faso (B-), Cameroun (B), Cap-Vert (B), Congo (B-), République démocratique du Congo (B-), Ethiopie (B), Ghana (B-), Kenya (B+), Mozambique (CC-), Nigeria (B), Rwanda (B), Sénégal (B+), Ouganda (B), Zambie (B).
Les deux exceptions sont l’Afrique du Sud (BBB, pour la dette en devise) et le Botswana (A). S&P évalue la probabilité de défaut de paiement des Etats sur leur dette internationale, avec une échelle de graduation allant des meilleure catégories (A) au plus risquées (CCC et au delà).
En 2016, la tendance globale a été résolument à la dégradation, influencée par les déboires financiers de plusieurs Etats. S&P a ainsi dégradé en cours d’année les notes des emprunts émis par quatre pays : Mozambique (qui a fini l’année à CC- après avoir remonté à B-), République du Congo (B-), Nigeria (B- puis remonté à stable) et Rwanda (B- puis remonté à stable).
Le Nigeria et le Ghana pourraient revenir sur le marché en 2017
Le Mozambique, dont les finances publiques sont soumises à rude épreuve suite à des malversations dans les comptes publiques, a annoncé à deux reprises une restructuration de sa dette commerciale, dont la dernière en novembre 2016, incluant la dette liée à une émission d’obligations émises quelques mois plus tôt par l’Etat, en avril précédent… Le Congo, pour sa part, a fait défaut durant quelques jours sur une échéance, ce qui lui a valu une dégradation de sa note de B stable à B-.
Autres dégradation, l’Angola, noté B, est passé de stable à négatif.
Toutefois, un peu de positif : quatre autres pays également notés B ont vu leur note améliorée de négative à stable : Cap-Vert, Kenya, Nigeria, Rwanda.
S&P indique dans son communiqué que le marché obligataire eurobond en Afrique sub-saharienne a été plutôt calme au deuxièmes semestre 2016, les Etat se tournant davantage vers les marchés domestiques pour se financer, mais certains pourraient faire leur retour sur le marché de l’eurobond cette année : le Nigeria a d’ores et déjà annoncé son intention d’émettre des emprunts à la fois sur son marché domestique et à l’international, et d’autres Etats y réfléchissent, selon E&Y, dont le Ghana.
CG
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Pour en savoir plus :
Le site portail Global Credit de S&P : www.globalcreditportal.com/
Pour prolonger :
Ne manquez pas Le Rapport 2017 : Les entreprises françaises et l’Afrique (CIAN, Moci), disponible en ligne sur notre site.