Les produits fabriqués en France ont le vent en poupe. En témoigne la 5e édition du salon du made in France « MIF Expo » à Paris porte de Versailles, à laquelle ont participé du 18 au 20 novembre 2016, près de 450 entreprises qui produisent en France. Parmi elles, certaines connaissent de francs succès à l’export. Leurs réussites à l’international démontrent que le made in France représente un avantage commercial, tant en France que pour le développement à l’international des entreprises.
• Implantée depuis 1889 en Normandie dans la commune de Saint-James, située à 20 kilomètres du Mont Saint-Michel, l’entreprise Tricots Saint-James est, elle, célèbre dans le monde entier pour son pull marin breton tricoté en pure laine vierge. Destiné à l’origine aux marins pêcheurs, puis adopté par les grands navigateurs et les plaisanciers, son « vrai pull marin » confectionné localement par des opératrices dont le savoir-faire se transmet de génération en génération a pris le large. Il est aujourd’hui commercialisé dans les boutiques Saint-James de New York, Tokyo, Osaka… L’entreprise normande réalise 40 % de son chiffre d’affaires à l’international dans une dizaine de pays dans trois régions du globe : l’Asie (Japon, Corée du Sud, et Chine), l’Amérique du Nord (Canada et États-Unis) et l’Europe (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Luxembourg…). « Le savoir-faire français est indéniablement un plus, c’est un gage de qualité à l’export », affirme au Moci Luc Lesénécal, président des Tricots Saint-James.
Labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) en 2013, Tricot Saint-James possède un savoir-faire régional rare en tricotage. Le corps (devant et dos), les manches, le col et les garnitures sont tricotés séparément mais dans un fil de même bain. Piquage, surjet, remaillage des cols ou bandes boutonnées, pose des étiquettes, du logo, d’un écusson sont autant d’opérations nécessaires à la fabrication d’un vêtement Saint-James. Un savoir-faire que l’entreprise met en avant pour gagner en visibilité à l’international. « C’est de celui-ci que nous tirons toute notre légitimité », souligne le dirigeant. « Nos produits iconiques portent l’étiquette made in France ».
• Environ 800 000 paires de bottes en caoutchouc sortent chaque année de l’usine Aigle de Châtellerault dans la Vienne. Dans les ateliers, quelque 220 « maîtres caoutchoutier » confectionnent à la main chaque jour entre 3 500 à 4 000 paires de bottes vendues dans plus de 70 pays pour un chiffre d’affaires estimé à 172 millions d’euros en 2016, après 161 millions en 2015. L’Asie est de loin le premier marché de l’entreprise qui réalise 57 % de ses ventes à l’international, dont 42 % en Asie et 15 % dans la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique). Aigle a ouvert sa première boutique en dehors de l’Hexagone à Tokyo en 1993. Au Japon, ses bottes made in France sont davantage portées comme un accessoire de mode que pour se protéger de la pluie. Le fabriquant de bottes en caoutchouc a parcouru du chemin à l’export. L’enseigne qui fait partie du groupe suisse Maus Frère (Gant, Lacoste…) depuis 2003 est aujourd’hui à la tête d’un réseau de 330 boutiques dans le monde (France incluse). « À fin 2016, l’Asie représentera plus de 50 % du CA Monde », assure la marque. Aigle possède 265 boutiques sur le seul continent asiatique. Voici le détail : 145 en Chine (85 points de vente directs, 60 franchisés), 54 au Japon (52 directs, 2 franchisés), 23 boutiques à Taïwan en propre et 14 à Hong Kong également en propre. En Corée du Sud, Aigle a changé de partenaire et repensé sa stratégie de distribution pour repositionner la marque de façon qualitative et « lifestyle ». L’entreprise a démantelé son réseau de boutiques pour relocaliser ses points de vente. L’enseigne possédera 30 points de vente en Corée du Sud d’ici la fin de l’année. Parallèlement, l’entreprise cible les Philippines où elle va s’implanter en 2017. « Le développement en Asie nous permet de continuer à investir sur notre site de production en France », commente Aigle.
Mais qu’est-ce qui fait le succès de cette entreprise qui a célébré ses 160 ans en 2013 ? La recette de fabrication de ses bottes restée inchangée. Chaque botte nécessite 60 opérations manuelles et 2 kg de caoutchouc sont nécessaires à la production d’une paire. Hiram Hutchinson, le fondateur d’Aigle rachète en 1853 à l’Américain Charles Goodyear son brevet de vulcanisation du latex. Précurseur, Hiram Hutchinson utilise pour la première fois le procédé de vulcanisation du caoutchouc pour réaliser des bottes. À Châtellerault, encore aujourd’hui, tout commence avec la résine d’hévéa qui est transformée, malaxée, étendue et découpée. La botte est ensuite vulcanisé́e (cuite) dans un autoclave à 140 degrés lui donnant son étanchéité, sa résistance et sa souplesse.
• Présente pour la première fois sur le salon MIF Expo en 2016, l’entreprise d’ustensiles de cuisine Pyrex®, créée en 1915, met elle aussi en avant sa fabrication française en apposant sur sa gamme de plats à four en verre une étiquette bleu-blanc-rouge à l’effigie de la Tour Eiffel. L’entreprise Pyrex® fabrique dans son site basé à Châteauroux, dans le Centre-Val de Loire, tous ses plats de cuisson au four en verre borosilicate, un matériau résistant à des hautes températures. La marque centenaire réalise 85 % de ses ventes – 100 millions d’euros – à l’export dans 130 pays en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Son site de production de Châteauroux emploie plus de 500 salariés. Tous les produits de la gamme en verre Pyrex® sont garantis 10 ans.
• La durée de vie, c’est également le leitmotiv des produits fabriqués par l’entreprise française Bic, elle aussi présente sur le salon MIF Expo. Du stylo à bille Bic® Cristal® qui peut écrire jusqu’à trois kilomètres, au briquet Bic® Maxi qui allume jusqu’à 3 000 flammes constantes.
Lancé en France par Marcel Bich en 1950, le stylo à bille Bic® Cristal® s’exporte dès 1954 en Italie, puis au Brésil en 1956, avant d’arriver en 1957 au Royaume-Uni, en Océanie et en Afrique du Sud et en 1958 en Amérique du Nord. Ses instruments d’écriture (Bic® Cristal®, stylo Bic® 4 couleurs…) sont fabriqués à plus de 80 % en France dans ses différents sites de Marne-la-Vallée, Boulogne-sur-Mer, Samer (Haut-de-France) et de Vannes (Bretagne). Les produits (papeterie, briquets, rasoirs …) sont vendus dans 160 pays aux quatre coins du globe. En 2015, l’entreprise a réalisé 24 % de ses ventes en Europe, 46 % en Amérique du Nord et 30 % dans les marchés en forte en croissance (Moyen-Orient, Afrique, Amérique latine, Océanie et Asie). Son chiffre d’affaires pharaonique a atteint 2,24 milliards d’euros en 2015. Bic possède 27 usines principales dans le monde, chacune spécialisée selon son savoir-faire spécifique (papeterie, briquets, rasoirs, produits promotionnels) pour répondre aux besoins des marchés locaux.
Venice Affre
La douane certifie l’origine « made in France » des produits
Le « made in France » ou Fabriqué en France est un marquage d’origine que les entreprises peuvent indiquer sur leurs marchandises.
Le marquage d’origine est facultatif et volontaire dans les États membres de l’Union européenne (UE). Seuls certains produits agricoles ou alimentaires font exception. Une marchandise a toujours une origine de droit commun, appelée origine non préférentielle, pour l’application des mesures de politique commerciale de l’UE (contingent, droits anti-dumping…), les statistiques du commerce extérieur et le marquage de l’origine (Made in). L’origine non préférentielle se distingue de la provenance (trajet de la marchandise), du statut douanier (paiement des droits de douane) et de l’origine préférentielle (application de taux de droits de douane réduits ou nuls dans le cadre des relations préférentielles de l’UE avec certains pays). La douane fournit aux entreprises un conseil personnalisé sur l’origine de leurs marchandises et le marquage d’origine possible via son réseau de cellules conseil aux entreprises, présentes dans chaque direction régionale des douanes.
Bon à savoir
Dès lors que l’entreprise fait le choix de mentionner un marquage « made in France » sur sa marchandise, celui-ci doit être conforme aux règles d’origine non préférentielle.
Bon à savoir
La douane propose aux entreprises la délivrance d’un diagnostic de leur processus de fabrication afin de déterminer si leurs produits peuvent être marqués « made in France ». Gratuite et simple à obtenir, cette information leur est délivrée dans un délai moyen de 30 jours. Ce diagnostic est réalisé via la demande d’Information sur le « made in France » (IMF).
Sources : Douanes et droits indirects. www.douane.gouv.fr