Les PME sont restées en 2016, les principales bénéficiaires des financements la Banque européenne d’investissement (BEI) avec un montant record de 33 milliards d’euros (Mds EUR). Quelque 300 000 entreprises au total, employant plus de 4,4 millions de personnes, ont ainsi pu accéder aux facilités de financement proposées par le groupe – la BEI et sa filiale le FEI (Fonds européen d’investissement). « 2016 aura également été marquée par une inflexion majeure du type de financements que le groupe BEI octroie, avec davantage de petits prêts qui bénéficient, pour l’essentiel, à des entreprises innovantes de taille plus modeste », a précisé le président de la banque européenne, Werner Hoyer, lors de la présentation des résultats annuels du groupe, le 24 janvier à Bruxelles.
Décrite comme le véritable bras financier de l’UE, la BEI a « réussi à faire plus avec moins », s’est félicité le libéral allemand soulignant une légère augmentation des montants mobilisés. Entre 2015 et 2016, ceux-ci sont passés de 77,5 à 83,8 Mds EUR, « susceptible de générer 280 milliards d’euros d’investissements », précise un communiqué de l’institution. Car les priorités de la banque restent calquées sur les grands objectifs stratégiques fixés par les dirigeants européens.
Outre les PME « véritables poumons de l’économie », selon Werner Hoyer, 26 % des sommes mobilisées en 2016 ont ainsi visé des projets pour lutter contre le changement climatique, soit 19 Mds EUR au total ; 20 Mds EUR ont été allouées aux infrastructures et 13 Mds EUR au soutien à l’innovation et au développement des réseaux à large bande et à haut débit.
Autre secteur prioritaire pour le groupe : l’emploi et la formation des jeunes. Depuis le lancement, en 2013, du programme dédié « Compétences et emplois – Investir pour la jeunesse », la BEI a prêté plus de 37 milliards d’euros en faveur de projets destinés à cet objectif.
La France dans le trio de tête des pays bénéficiaires du « plan Juncker »
L’année 2016 aura également vu la montée en puissance du plan d’investissement pour l’Europe mieux connu sous le nom de « plan Juncker ». Initié mi-2015, il aurait déjà permis l’approbation de 420 opérations de financements susceptibles de générer un investissement total de 164 Mds EUR, soit plus de la moitié des 315 Mds EUR prévus par la Commission européenne. Via ce programme, la BEI a pu « élaborer des nouveaux produits et toucher de nouveaux clients, trois sur quatre sont nouveaux », précisent les responsables du groupe dans un communiqué.
« La France est un des premiers pays bénéficiaires du plan Juncker », s’est félicité Ambroise Fayolle, le vice-président français de la banque basée au Luxembourg. En 2016 le groupe BEI a vu son activité atteindre un niveau record en France, avec 9,3 Mds EUR de nouveaux financements : 8 Mds EUR pour soutenir des projets dans des secteurs d’avenir comme la formation des jeunes, le soutien aux entreprises et à l’innovation, la modernisation des infrastructures, le numérique ou la transition énergétique ; 1,3 Mds EUR pour les PME et la microfinance, via le FEI.
Au total, 2,5 Mds EUR ont été consacrés l’an passé aux PME et aux ETI françaises, en particulier les plus innovantes.
Les opérations soutenues par le « plan Juncker » ont pour leur part représenté près de 30 % du total des financements réalisés en France. Le pays figure en effet dans le trio de tête des Etats membres bénéficiaires, après l’Italie et devant l’Espagne. Depuis le début de la mise en œuvre du « plan Juncker », 4,1 Mds EUR de financements y ont été approuvés pour soutenir des investissements à forte valeur ajoutée qui, « du fait de leur niveau de risque, n’auraient pas vu le jour ou n’auraient pas pu bénéficier de financements aussi élevés ou avec une telle durée sans cette garantie », précise la BEI dans son bilan annuel.
Effet de levier : 21,3 milliards d’euros additionnels
Ces financements devraient mobiliser 21,3 Mds EUR d’investissements additionnels grâce au fameux « effet de levier » qui permet d’attirer, aussi, des capitaux privés. « Sur la base des transactions signées en 2016 ce sont plus de 70 000 entreprises qui bénéficieront, à terme, du plan d’investissement européen », pronostique les responsables du groupe BEI.
Parmi les exemples d’actions menées dans le cadre du « plan Juncker » en France, le soutien de 55 M EUR pour la construction d’une usine moderne et exportatrice par la coopérative agricole les Maîtres laitiers du Cotentin.
Le financement des activités de recherche et d’innovation s’est également illustré par des prêts octroyés à plusieurs entreprises comme Aperam (50 M EUR), Arcelor Mittal (168 M EUR), ou le groupe Trêves (32 M EUR), créateur et fabricant de solutions innovantes pour l’industrie automobile mondiale.
Dans ce dernier secteur, la BEI a aussi soutenu la transition environnementale du Groupe PSA Peugeot Citroën avec un financement de 250 M EUR pour son programme de développement de technologies à faibles émissions de CO2, parallèlement à la modernisation des usines situées en Lorraine.
Un soutien qui s’est également manifesté pour les startups et les jeunes entreprises, comme pour les PME-ETI, sous forme d’investissements, de prises de participation ou de prises de garantie.
Des résultats encourageants donc, mais qui devront être accompagnés, cette année de nouvelles réformes politiques et réglementaires. Selon la BEI, seule une entreprise sur trois, au sein de l’UE, prévoit d’augmenter ses investissements à court et moyen terme. « La reprise reste lente. Il est impératif de donner un vrai coup d’accélérateur aux réformes en 2017. Nous devons veiller à ce que les investissements ne soient pas freinés par des contraintes réglementaires inutiles. La Banque ne peut poursuivre son activité comme si de rien n’était », a conclu Werner Hoyer en ajoutant « l’innovation est fondamentale et le Groupe BEI entend faire de 2017 l’année de l’innovation ».
K.L à Bruxelles