Connu comme assureur-crédit, Coface veut à présent promouvoir ses services d’information aux entreprises, développés et commercialisés indépendamment des polices d’assurance. Elle vient de dévoiler à la presse spécialisée sa nouvelle plateforme, fruit de 4 ans de développement, qui promet de passer du « Big Data » au « Smart Data » en matière d’information sur les entreprises.
Baptisée URBA 360 (pour Universal Risk Business Assesment), cette plateforme promet un accès à de l’information sur 195 millions d’entreprises dans 200 pays dans le monde en agrégeant des données issues de sources diverses, incluant les sources d’informations légales, mais aussi d’autres sources plus « terrain », dont les historiques de paiement et alertes de ses propres clients assurés ainsi que les rapports de ses experts sur le terrain. « Nous nous focalisons sur le risque de crédit et la probabilité de défaut, notre cœur de métier », souligne Nesrin Gonin, directrice des services d’information France et Europe de l’Ouest de Coface. « Mais certains de nos clients utilisent nos services pour rechercher des informations sur leurs fournisseurs, leurs cibles de prospection, voire leur concurrents » complète-t-elle.
De fait, d’après la présentation qui a été faite, lors d’une requête sur une entreprise, l’utilisateur va pouvoir accéder à un menu en forme de camembert composé de six tranches : score de risque de crédit (1 à 10, du pire au meilleur), avis de crédit, situation financière, Indice de paiement (comportement de paiement de l’entreprise), risque pays (environnement de l’entreprise), et secteur (risque sectoriel, comparaison des performances de la cible avec ses concurrents). Vert, c’est tout bon, orange, c’est à surveiller, rouge, c’est un risque très élevé de défaut. Le système fournit des rapports mis à jour régulièrement par les 700 experts du groupe présents localement.
D’après Nesrin Gonin, outre le côté ergonomique et performant de l’outil, dopé à l’intelligence artificielle, ce qui est différenciant dans cette proposition est le fait que Coface est aussi un assureur-crédit. Autrement dit, comme ses confrères, ses bases de données sur les entreprises sont nourries des informations qui remontent de ses propres clients assurés, en bien ou en mal, voire d’entreprises qui souhaitent lui partager leurs données financières spontanément pour être « scorées » car un bon score est exigé de leur donneur d’ordre.
Le cas d’usage de la faillite de Buckingham Group
Les credit managers le savent bien : lorsqu’une entreprise commence à accumuler les retards de paiements, c’est mauvais signe, et c’est une information qui sera indétectable dans le bilan publié l’année précédente… En tant qu’assureur-crédit, Coface, dont les arbitres prennent 12000 décisions de crédit chaque jour en moyenne, enregistre quotidiennement des incidents de paiement, et verse chaque année 700 à 800 millions d’indemnisation, pour 685 milliards d’euros d’engagement. « Nos données sont qualifiées et à jour » a insisté Carine Pichon, directrice générale de Coface France et Europe de l’Ouest.
Nesrin Gonin a aussi mis en avant la capacité du système à détecter très tôt des « signaux faibles » de détérioration de la solvabilité d’une entreprise. Démonstration a été faite avec un cas client précis, un acteur de l’énergie français surpris par la faillite soudaine du groupe britannique de construction Buckingham Group, en août 2023, en laissant 108 millions de livres de dettes impayées. L’entreprise française, qui a dû encaissé une grosse perte sur ce client, a voulu vérifier si la plateforme l’aurait alerté. Effectivement, d’après l’historique de cette entreprise britannique, son score, encore bon en 2022 avec 7/10, a dégringolé début 2023 à 4 puis 1 en août… Un signal venu des incidents de paiement remontés par les assurés de Coface des mois plus tôt.
Petit budget s’abstenir : la commercialisation de ce service BtoB est proposée uniquement sous la forme de forfaits annuels (pas de vente à l’unité), dont le montant varie en fonction du nombre de pays et d’entreprises par pays suivies, de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers d’euros. Coface montre son souhait de davantage le faire connaître, en France et à l’international, mettant en avant le fait qu’il peut être tout autant utilisé par des grands groupes que par des ETI et PME. Elle compte actuellement 15 000 clients (parmi lesquels 5000 sont également clients de l’assurance-crédit), dont 1500 en France, soit 10 %.
Christine Gilguy